Dans ce roman, Nathacha Appanah s’intéresse à une époque bien particulière de l’histoire de l’Île Maurice. Alors sous contrôle britannique et suite à l’abolition de l’esclavage (autour de 1835), les anglais ont remplacé les travailleurs agricoles d’origine africaine employés dans la culture de la canne à sucre par des “engagés” originaires de leur colonie indienne. J’ai mis le mot engagé entre guillemets car vous apprendrez en lisant ce livre que, malgré un principe de volontariat encadré par un contrat de travail et rémunéré, leurs conditions de voyage et de travail restent proche de celles des esclaves qui les ont précédé.
Au delà de la dénonciation de l’inhumanité, de l’immoralité, de la cupidité et de l’avidité du colonialisme – on ne le fait jamais assez et les qualificatifs négatifs ne sont jamais assez nombreux –, ce livre met en lumière l’origine d’une partie de la population actuelle dont fait partie l’autrice, elle raconte donc de l’histoire de son peuple. Les différents personnages qui peuplent ce roman sont des déracinés qui sont mis en scène moins pour raconter leur histoire personnelle qu’à des fins documentaires pour illustrer leur exploitation et leur destin commun.
Nathacha Appanah. Les rochers de Poudre d’Or. Gallimard, 2003.