Espionner, mentir, détruire

Martin Untersinger est journaliste au sein de la rubrique Pixels du quotidien Le Monde qui traite des sujets technologiques et il a reçu le prix Albert Londres pour ce livre. Tout commençait donc très bien, mais j’ai été déçu par cet ouvrage qui ressemble plus à un recueil d’articles qu’à un essai structuré. Il reprend, au sein des différents chapitres, des affaires de piratage qui ont déjà été très médiatisées comme Pegasus, WannaCry, Stuxnet ou encore SolarWinds. Pour certaines, comme Stuxnet, il semblerait qu’il se contente d’écrire ce qui ressemble plus à un résumé d’un livre qu’à une enquête. J’ai même cru déceler des imprécisions, comme dans cette phrase. ...

Anonymous

[…] refus de laisser l’État espionner ses citoyens, refus de laisser la grande entreprise marchandiser les communications personnelles et manipuler les désirs des gens, refus de tirer profit du travail d’autrui … des refus qui visent essentiellement à empêcher une idée formidable de s’évanouir: nous sommes anonymes et avons le droit de l’être. Gabriella Coleman est une ethnologue dont la spécialité est le cyberactivisme. Elle s’est donc intéressée – de très près – au groupe de hackers Anonymous qui est connu du grand public grâce à leur principal signe distinctif, le masque de Guy Fawkes porté par V, le héros anarchiste de V pour Vendetta1. ...

Ce qu'il reste de nos rêves

Aaron Swartz est l’un de ces génies fulgurants, une étoile filante, son domaine, l’informatique, son combat, l’accès à la connaissance. Comme d’autres comme lui – citons par exemple Ettore Majorana raconté dans En cherchant Majorana –, il évoluait très loin au dessus du lot. Au lieu de se contenter comme tant d’autres – citons par exemple Mark Zuckerberg – de faire de l’argent, il avait l’ambition de changer le monde, il s’est battu pour le libérer et on peut dire qu’il y est un peu parvenu – au moins disons qu’il a peut-être contribué à éviter le pire. On lui doit, outre Reddit qui n’est pas sa meilleure contribution au bien commun – quoi que tout le monde ne sera pas de cet avis – son travail sur les licences Creative Commons (CC) permettant de partager la connaissance tout en garantissant la propriété intellectuelle, l’Open Library, son influence sur la non adoption des lois de censure (Stop Online Piracy Act), mais aussi, plus prosaïquement, le langage Markdown (en collaboration avec John Gruber) que j’utilise tous les jours et qui n’est étrangement pas mentionné dans ce livre. ...