Le mage du Kremlin

Giuliano da Empoli, lui-même ancien conseiller politique, s’intéresse à ces éminences grises qui accompagnent les femmes et les hommes au pouvoir que l’on nomme communément des spin doctors. On peut même dire qu’il est spécialiste du sujet puisqu’avant d’écrire ce roman, il leur a consacré un essai intitulé Les ingénieurs du chaos1. On l’appelait le “mage du Kremlin” , le “nouveau Raspoutine”. Ce personnage de fiction se nomme Vadim Baranov. J’ai cru qu’il avait été inventé de toute pièce par l’auteur pour servir de fil conducteur à ce roman, mais j’ai appris qu’il puise sa source d’inspiration – jusqu’au mimétisme – chez Vladislav Sourkov qui est considéré à en croire Wikipédia comme “le principal idéologue du Kremlin des années 2000” et comme l’homme ayant théorisé la verticalité du pouvoir. Dans le roman – comme dans la réalité – il murmure à l’oreille du Tsar, Vladimir Poutine. Bien que terminé début 2021, ce livre est malheureusement plus que jamais d’actualité. Il permet de retracer assez fidèlement – pour autant que je puisse en juger – les événements allant de la dissolution de l’URSS aux prémices de la guerre. ...

Constellation

Le Constellation est un avion de ligne produit par la société Lockheed dont l’idée originale revient à Howard Hughes. Son grand rayon d’action le rend utilisable pour assurer des liaisons transatlantiques. C’est lors de l’un de ces Paris - New York opéré par la compagnie Air France que l’appareil F-BAZN s’écrasera sur une île de l’archipel des Açores. Cet accident est d’autant plus resté dans l’histoire qu’il transportait des personnalités célèbres au premier rang desquelles le boxeur Marcel Cerdan, qui était en route pour rejoindre son amante Edith Piaf à New York, ainsi que la violoniste virtuose Ginette Neveu. Vous verrez en lisant ce livre que chacun des onze membres d’équipage et des trente sept passagers a son histoire et ses raisons de se trouver dans ce vol. Dans ces raisons, le hasard ou le destin joue un rôle important et son intervention est toujours une source d’interrogation et de mystère. ...

La bataille

C’est à Balzac que nous devons l’idée de ce livre : Pas une tête de femme, des canons, des chevaux, deux armées, des uniformes ; à la première page le canon gronde, il se tait à la dernière ; vous lirez à travers la fumée, et, le livre fermé, vous devez avoir tout vu intuitivement et vous rappeler la bataille comme si vous y aviez assisté. Il en parlait lui-même en ces termes dans une lettre adressée à Madame Hanska. Intrigué qu’il n’ait pas mené ce projet à bien, Patrick Rambaud a repris le flambeau, relevé le défis. Et de quelle façon, ce livre est génial ! En seulement trois cent pages il nous transporte sur le champ de bataille aux côtés de Napoléon. Mais pas seulement, le lecteur va discuter avec les maréchaux, combattre auprès des cuirassiers et des voltigeurs et même vivre le combat de l’extérieur grâce à un spectateur de marque, Marie-Henri Beyle plus connu sous son nom de plume Stendhal. On a l’impression de se déplacer pour tour à tour se retrouver au front en plein coeur de la bataille où les hommes se livrent une lutte enragée puis à l’arrière sous la tente impériale où la tension est palpable lorsqu’il faut avaler les mauvaises nouvelles, définir la stratégie et ordonner. ...

Nagasaki

Nagasaki, la tristement célèbre, est le lieu où se déroule cette histoire. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’est pas liée au destin tragique de la ville. A une tout autre échelle, elle a été le théâtre d’un fait divers d’une importance bien moindre qui, sans son originalité, n’aurait pas occupé plus d’un entrefilet dans le journal local. La victime est un météorologue qui vit seul et mène une vie quasi monacale et très ordonnée – limite maniaque. Or, depuis quelques jours un grain de sable s’est glissé dans cet engrenage bien huilé. Il a remarqué quelque chose d’étrange qui se produit chez lui, dans sa maison, probablement en son absence. Huit centimètres, ai-je lu. Il ne restait que huit centimètres de boisson, contre quinze à mon départ … Quelqu’un s’était servi. Or je vis seul. ...