Voici une BD hors du commun. Le pitch est d’une simplicité absolue: Mister O, qui est une boule avec deux bras et deux jambes, tente de se rendre de l’autre côté d’un ravin. La couverture illustre d’ailleurs parfaitement ce scénario. Mister O n’est pas du genre à baisser les bras et va déployer des trésors d’ingéniosité tout au long de la trentaine de pages qui compose cette oeuvre pour parvenir à ses fins. Bien sûr, il va jouer de malchance et le sort va s’acharner jusqu’au dénouement final…

C’est une très bonne idée qu’a eu Lewis Trondheim, en déclinant systématiquement sur des planches de soixante cases sans aucun dialogue et avec un graphisme réduit à sa plus simple expression les mésaventures de Mister O. Le cahier des charges, difficile à tenir au départ, tient toutes ses promesses.

Ça fonctionne et on se prend à beaucoup rire en suivant les mésaventures de ce personnage entêté. Si les dessins ne sont pas détaillés, les expressions des différents protagonistes sont à mourir de rire et les couleurs, bien choisies, confèrent à chaque saynète un charme particulier. Avec ce volume, Trondheim démontre qu’il y a, en marge des standards, une voie pour le talent et l’humour. Trondheim a depuis décliné ce concept, avec un peu moins de réussite, en créant un Mister I.


Lewis Trondheim, Mister O, Delcourt, 2005, 31 p, Amazon.