Comme souvent chez Graham Greene on retrouve dans ce court roman de nombreuses références à la religion. Cette fois, elle sont mises au service de la description d’un homme oscillant entre Dieu et le Diable.

Je ne suis pas le Christ et il n’est pas Satan; d’ailleurs, je croyais que nous nous étions mis d’accord pour dire qu’il est Dieu Tout-Puissant - mais j’imagine qu’aux yeux des damnés, Dieu Tout-Puissant ressemble beaucoup à Satan.

Le roman est construit autour de ce personnage et des sentiments qu’il provoque autour de lui. Le docteur Fischer, puisque c’est son nom, s’est entouré d’une cour composée des personnalités les plus riches de Genève. Certains les surnomment les crapauds. Le docteur est un personnage sarcastique et cruel qui s’est mis en tête d’éprouver la cupidité de ces riches face à l’humiliation qu’il leur inflige. Pourquoi cette haine envers les autres, elle ne peut pas s’être constituée seule, quelque chose a du la nourrir.

Ne va pas croire ça. Tous mes amis sont riches, et il n’y a pas plus cupide que les riches. La seule fierté des riches vient de ce qu’ils possèdent. C’est uniquement avec les pauvres qu’il faut faire attention.

Le narrateur de cette histoire a eu la chance et la malchance d’épouser la fille de cet homme. Très bonne surprise que cet efficace roman d’à peine 200 pages que j’ai dévoré d’une traite. La narration est maîtrisée, l’auteur sait comment faire monter le suspense et annoncer les évènements importants par des indices et des jeux narratifs très aboutis. Un petit bijoux à lire absolument.


Graham Greene, Dr Fischer de Genève, traduit par Robert Louit, Robert Laffont, 2010, 188 p, Amazon.