Savez-vous ce qu’est un Hack’n Slash ? Avez-vous, dans votre jeunesse, tourné avec angoisse les pages d’un “livre dont vous êtes le héros” ? Attendez-vous avec fébrilité la sortie du dernier Diablo ? Savez-vous que certaines personnes – des adultes pour la plupart – jouent ensemble à des jeux de rôles dans lesquels ils incarnent des personnages un peu à la manière d’acteurs ? Si vous êtes en train de vous dire “mais qu’est-ce qu’il raconte, qu’est-ce que c’est que ce charabia” alors vous allez avoir du mal à tout saisir dans ce Dungeon Quest. En effet, l’auteur a construit sa BD comme le récit d’une quête qui est l’élément fondateur de tout bon jeu de rôle – Dungeon Quest est d’ailleurs le nom d’un jeu de rôle. Ainsi, chaque personnage se voit attribuer des points pour ses principales caractéristiques: Vitalité, Force, Mana, etc. Par contre, l’univers et les personnages – au moins au début du livre – ne cadrent pas vraiment avec les canons du genre. Les protagonistes ne sont pas des cruels barbares, des élégants elfes ou des vaillants nains mais des ados glandeurs et très geeks habitant un coin paumé des Etats-Unis. Ce sont ces héros d’un autre genre qui vont se lancer dans la grande aventure.

Vous êtes en train de vous demander comment une chose aussi improbable peut avoir un quelconque intérêt.

Pour l’intérêt, c’est indéniable elle en a, j’ai vraiment passé un très bon moment à suivre ces aventures pleines d’humour, d’originalité – je crois que j’ai déjà assez insisté là dessus – et, oui disons-le, d’érudition. Perdues au milieu des dialogues façon ado – d’ailleurs parfaitement adaptés en français – se trouvent quelques pépites.

Pour le comment, je me pose encore la question. La seule réponse qui me vient à l’esprit est certainement à trouver du côté de la gamification – qui est un néologisme désignant une “science” qui consiste grossièrement à se demander ce qui nous attire tant dans les jeux, puis d’en extraire les recettes fondamentales afin de les appliquer hors du cadre ludique.

Enfin, un mot sur le graphisme que j’ai trouvé à l’image du reste : un peu simpliste au premier abord puis, plus élaboré lorsque l’histoire progresse et que l’on s’attarde sur certains décors ou certaines perspectives. En conclusion, une très bonne série – elle comptera trois tomes – dont l’originalité n’est pas le seul atout mais qui est cependant à réserver aux geeks initiés.


Joe Daly, Dungeon Quest, Tome 1 :, traduit par Fanny Soubiran, L’Association, 2009, 200 p, Amazon.