C’est l’histoire d’un guide non officiel du Japon underground, un jeune homme. Son rôle est de guider les touristes au travers des méandres du Japon du sexe. En cette fin d’année, à l’approche des fêtes de Noël, il doit accompagner un client américain qui va, dès les premiers contacts, lui laisser une impression bizarre, froid dans le dos. La raison n’est pas rationnellement explicable, est-ce lié à son attitude, à son visage ou à son discours ?

Attention de ne pas confondre l’auteur de ce roman avec son illustre homonyme prénommé Haruki. Il s’agit bien de Ryû Murakami qui est lui aussi un auteur japonais rencontrant un grand succès. Les thèmes qu’il exploite sont souvent liés à la place de l’individu dans une société malade. Je garde un souvenir très présent de la lecture de Parasites1 qui date pourtant de plusieurs années. Si l’histoire n’est plus très claire dans ma mémoire, l’impression qu’elle y a laissé est encore vive. C’est une oeuvre profondément dérangeante, l’auteur va loin et ose tout pour créer le malaise qu’il recherche. Je n’ai donc pas été surpris en lisant Miso soup. Le schéma est même un peu similaire. Un individu malade devient le virus d’une société japonaise déjà profondément gangrénée. L’auteur voit ses personnages comme des tumeurs attaquant un corps malade représentant la société.

La haine, l’intention de nuire, naît d’émotions négatives nommées chagrin, solitude, rage. Elle naît d’un gouffre béant qu’on sent à l’intérieur de soi, comme si on nous avait pris quelque chose d’important, comme si on nous avait découpé un bout de chair au couteau.

Le contexte du monde de la nuit et du sexe n’est ici qu’un prétexte, un révélateur permettant d’observer les personnages sous la lumière crue des néons des peep shows. Le récit est maitrisé, la tension s’accroit au fil des pages et devient palpable. J’ai bien cru ne pas avoir l’explication de ce titre paraissant assez inopportun dans ce contexte. Vous savez certainement que la soupe Miso est un plat traditionnel japonais très populaire. Comme moi, il vous faudra attendre la fin du livre pour découvrir le rapport entre ce plat et l’histoire. Bonne lecture.


Ryû Murakami, Miso Soup, Editions Philippe Picquier, 2003, 280 p, Amazon.


  1. Ryû Murakami, Parasites, traduit par Sylvain Cardonnel, Editions Philippe Picquier, 2005, 397 p, Amazon↩︎