Bien après la lecture du premier tome de la série qui m’avait laissé une impression mitigée, j’ai décidé de donner une deuxième chance à ce manga. Bien m’en a pris car ce second tome change la donne. J’avais été un peu déçu par le personnage principal du récit qui avait, selon moi, un charisme proche de celui de l’inspecteur Derrick. C’est encore un peu vrai mais, en le découvrant un peu mieux, on parvient à s’y attacher et même à ressentir de l’empathie. Au delà de ce personnage, la série s’étoffe et intègre, en marge de l’enquête sur les assassinats des robots et de leurs sympathisants, d’autres éléments. Comme souvent dans ce type d’histoire, le passé des personnages est peu à peu révélé et a des répercutions importantes sur les évènements se déroulant à l’époque du récit. Les personnages de Pluto ont participé à une grande guerre ressemblant très fortement à la guerre menée par les américains en Irak.

Deuxièmement, le thème majeur de l’histoire, la condition des robots par rapport aux humains, devient prégnant. Au fil du temps, les robots sont devenus tellement perfectionnés qu’il est difficile de faire la différence entre un humain et un robot — ils passeraient sans problème le test de Turing. Certains commencent même à apprécier les plaisirs de la vie et à ressentir des émotions. Pourtant, ils ne peuvent oublier qu’ils ont été créés par l’homme et pour l’homme, pour le servir. La ségrégation entre les hommes et les robots est un sujet brulant dans cette société qui nous renvoie à l’esclavage et à l’apartheid. Enfin, il ne faut pas oublier la grande peur de l’homme, le danger que représentent les robots. Sont-il capables de transgresser l’une des lois fondamentales de la robotique:

Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger. Ces éléments apportent de la consistance à l’histoire et sont bien intégrés au récit qui les explore tour à tour. Tout ceci est servi par un excellent dessin aux accents sombres et réalistes, prenant clairement ses distances par rapport à l’oeuvre originale de Tezuka et renforçant ainsi la crédibilité de l’ensemble. J’avais donc failli passer à côté d’une des toutes meilleures séries de ces dernières années.


Naoki Urasawa et Osamu Tezuka, Pluto, tome 2, Kana, 2010, 218 p, Amazon.