Le grand mort est une série de bande dessinée en 8 volumes qui avait démarré en 2007 et vient d’être conclue l’année dernière, en 2019. J’ai eu la change de pouvoir les lire d’un trait ce qui permet de s’immerger dans l’histoire sans avoir à attendre plus d’une année entre chaque tome. Cette lecture en continue m’a permis d’effectuer une première constatation, en plus d’une dizaine d’années le changement dans les dessins n’est pas flagrant. Ils se sont certes affinés un peu avec le temps, mais à la marge, le tout restant très cohérent. Je commence en parlant des dessins car leur qualité constitue une porte d’entrée des plus accueillantes vers cette oeuvre. Même s’ils ne sont pas de Loisel ils sont tout à fait dans son style – le personnage de Gaelle est typique, elle ressemble un peu à la jeune Mara de La quête de l’oiseau du temps. Ils sont conventionnels – dans la sens ou ils devraient plaire au plus grand nombre, très travaillés et de grande qualité. Des couleurs vives, mais naturelles (utilisation de la couleur directe) viennent parachever ce travail visuellement extrêmement attractif.

Pour le reste, ce sujet choisi au début du siècle dont le fond est l’écologie et la destruction de la planète provoquée par l’Homme sonne particulièrement juste aujourd’hui où il est au centre de toutes les préoccupations. C’est encore plus vrai en cette période où la théorie de la collapsologie devient une réalité déclenchée par une pandémie. Pourtant ce thème n’est pas nouveau, il est même assez éculé en y réfléchissant (cf. par exemple la série Les Quatre apocalypses de James G. Ballard publiée dans les années 60 et dont j’avais parlé ici), mais la force de Loisel – je pense sans en être sûr qu’il est à l’origine de cette idée – réside dans la transposition de ce fléau dans un univers de fantasy. Ajoutez à cela le rythme et les rebondissements d’un récit de survie dans un univers post-apocalyptique, quelques personnages attachants et vous obtenez une très bonne série. En lisant les tomes à la suite, j’ai trouvé que le scénario était peut-être parfois un peu délayé, qu’il aurait gagné à un peu plus de concision. Mais c’est un micro défaut – je chipote vraiment – d’une série globalement très réussie.


Régis Loisel, Jean-Blaise Djian, Vincent Mallié & François Lapierre, Le Grand Mort, Vents d’Ouest, 2018, 64 p., Amazon.