Ce roman du mythique écrivain anglais James Graham Ballard dont le nom est souvent abrégé en J. G. Ballard est l’un des romans du cycle des Quatre apocalypses. Tous écrits dans les années 60, ils imaginent l’humanité confrontée à plusieurs fléaux: montée des eaux, tempête, canicule et fossilisation. Dans celui dont il est question ici, la montée des eaux est une conséquence d’un sujet qui est plus que jamais d’actualité: le réchauffement climatique – même si ici il est lié a des explosions solaires et non à la décision de Donald Trump. Il s’en suit une montée des eaux et l’établissement d’un climat tropical dans nos contrées européennes, les anciens écosystèmes tropicaux étant devenus inhabitables poussant l’ensemble de la population à un exode permanent, toujours plus au nord. La planète est recouverte d’eau. Les villes sont totalement immergées et seuls les sommets de certains immeubles ou de certaines tours émergent. L’ensemble de la planète a donc effectuée une remontée dans le temps. Elle se retrouve dans un état qui ressemble un peu à la fin de la période paléozoïque dominée par les poissons, les fougères et les reptiles. Certains en ont assez de fuir et préféreraient opérer un retour vers la nature, mais l’homme en tant que mammifère terrestre est désormais particulièrement inadapté à son environnement.

La situation que je décris est la situation de départ du livre, le lecteur ne connait pas les causes, mais il est plongé en plein dans les conséquences. Etrange, je m’attendais à être le témoin de l’évolution de la situation. Voir s’organiser la survie est intéressant, mais ce sont les villes immergées qui m’ont fasciné. Elle sont figées dans leur état d’origine, mais la nature a repris ses droits – un peu comme dans Un printemps à Tchernobyl qui est un scénario post-apocalyptique malheureusement bien réel. En explorant ces villes englouties, il est possible de retrouver des trésors. Du côté des personnages le compte n’y est pas, ils sont moins attachants. Le tableau est plutôt pas mal, mais j’ai été déçu par deux choses. L’écriture (la narration et la mise en texte) que j’ai trouvé à la peine – ce n’est a priori pas lié à la traduction puisqu’elle a été reprise récemment (en 2008) par Michel Pagel. Enfin un côté délire mystique, hallucination m’a un peu agacé. Peut-être que les deux points sont à mettre sur le compte des années 60 – elles ont bon dos. Dans le même genre, j’avais préféré Ravage1 – bizarre j’étais persuadé d’avoir écrit un article sur ce livre, mais je ne le retrouve pas.


J. G. Ballard, Le monde englouti, traduit par Michel Pagel, Gallimard, coll. “Folio SF”, 2011, 240 p, Amazon.


  1. René Barjavel, Ravage, Gallimard, 1972, 313 p, Amazon↩︎