En cette période de pandémie comment ne pas succomber à la tentation de se plonger dans Le Fléau de Stephen King histoire d’oublier tout ça le temps de quelques 1500 pages au format poche et de se changer un peu les idées en compagnie d’un joyeux drille comme ce bon vieux Stephen ? Il avait imaginé ce scénario avant qu’il ne débarque au cours de cette fameuse année de 2019 qui lui a donné son nom. Étant un peu américanocentré, le virus ne s’est pas échappé d’un laboratoire de Wuhan – je rigole l’enquête immédiate et scrupuleuse de l’OMS, réalisée en étroite collaboration avec des autorités chinoises à la transparence irréprochable, vient d’écarter définitivement cette hypothèse farfelue née dans le cerveau malsain de complotistes – mais d’une base militaire ultra-secrète des États-Unis – ne vous inquiétez pas je ne suis pas en train de divulgâcher, cette information est révélée dès les premières pages du livre. Et ensuite on connaît la mécanique, mais il l’illustre très bien.

Ed et Trish infectèrent le réceptionniste. Les petits, Marsha, Stanley et Hector, infectèrent les enfants qui jouaient sur le terrain de jeu du motel – des enfants qui se rendaient dans l’ouest du Texas, en Alabama, en Arkansas et au Tennessee. Thrish infecta les deux femmes qui lavaient du linge à la laverie automatique, deux rues plus loin. Ed, parti chercher un peu de glace à la réception, infecta un type qu’il croisa dans le couloir. Tout le monde se mit de la partie.

Comme on pouvait s’y attendre, il ne fait pas dans la dentelle, en comparaison le COVID-19 ressemble à un rhume des foins. Il sait y faire et on se retrouve très vite à tourner les pages frénétiquement. Sa mécanique est bien huilée, il change de personnages et de point de vue à chaque chapitre. Si elle a démontré son efficacité, cette technique n’en est pas moins un peu facile et assez énervante à la longue. Ensuite, il tombe rapidement dans ses travers et a une fâcheuse tendance à basculer à la moindre occasion dans le gore, l’horreur et ce n’est pas ma tasse de thé. Il se laisserait même tenter par un petit détour par le fantastique en forme de clin d’oeil à son oeuvre fleuve, Le Pistolero.

Randall Flagg, l’homme noir, marchait le long de la nationale 51, en direction du sud, attentif aux bruits de la nuit qui enveloppait cette route étroite qui tôt ou tard le conduirait de l’Idaho au Nevada.

Il est à noter – avant de vous précipiter – que ce livre est disponible au format poche en deux gros volumes parus au Livre de Poche, mais pour l’instant, je ne suis pas trop partant pour lire le second.


King, Stephen. Le Fléau, tome 1. Le Livre de Poche, 2010.