Juliette est le prénom de la fille cadette d’une famille. Elle est introvertie et angoissée et, pour essayer d’aller mieux, elle revient passer quelques jours chez son père dans une ville où elle a grandi et où réside le reste de sa famille proche, sa soeur et sa mère. Ce séjour sera l’occasion de faire de nouvelles rencontres, mais au sein de cet environnement dans lequel elle a vécu et qui a beaucoup changé, des souvenirs vont immanquablement remonter à la surface. Quant au sous-titre, Les fantômes reviennent au printemps, il a un double sens, mais je n’en dirai pas plus.

Cette histoire, qui pourrait sembler toute simple, est l’occasion pour Camille Jourdy d’évoquer plusieurs aspects de la famille et du lien avec elle qui évolue et se transforme lorsque les enfants grandissent et deviennent adultes. La famille est alors vue avec un regard différent, l’enfant devenu adulte réalise certaines choses qui n’étaient au mieux qu’implicites lorsqu’il était plus jeune. Il est alors amené à se demander quelle part de cet héritage il tend à reproduire. Il l’a voit donc vieillie, transformée et c’est à ce moment que s’opère la transposition, les enfants d’hier sont les adultes d’aujourd’hui qui ont fondé, ou vont à leur tour fonder, une famille. Ce que je décris ici semble évident, mais ça n’en reste pas moins un processus fondamental qui est évoqué dans ce livre avec beaucoup de sensibilité, un certain décalage et parfois un zeste d’humour pour dédramatiser le propos comme dans ce dialogue entre les parents divorcés de Juliette.

– Je ne savais pas qu’il fallait venir costumé. Je vois pourtant que tu es déguisée en gâteau de Noël.
– Écoute je te trouve pourtant pas mal du tout en pédophile des années 80.

En ce qui concerne l’aspect graphique, j’en ai déjà parlé dans l’article consacré à Rosalie Blum et ce livre est en tout point similaire sur ce plan. C’est-à-dire, pour résumer, un style original doux et sensible qui s’accorde parfaitement avec cette histoire.


Jourdy, Camille. Juliette : Les fantômes reviennent au printemps. Actes Sud Editions, 2016.