En terminant la lecture de ce livre, j’ai quasiment bouclé celle de l’intégralité de l’oeuvre de Bret Easton Ellis – à l’exception de son recueil de nouvelles Zombies. Suite(s) impériale(s) est donc la suite – le jeu de mot du titre n’existe que dans sa version française – de son premier roman Moins que zéro. C’est une sorte de Vingt Ans après ou un bal des tête à la Proust. Avec les années et leur vies disons dissolue, ils ont dérouillé – l’argent peut parfois s’avérer nocif.

Je ne reconnais pas Rip tout de suite. Son visage lisse n’a rien de naturel, il est refait de telle façon que ses yeux écarquillés ont l’air d’exprimer une surprise perpétuelle ; c’est un visage qui imite un visage, et qui paraît angoissé.

On dirait qu’avec ce livre l’auteur a voulu faire un mélange de plusieurs de ses oeuvres. Les personnages de Moins que zéro, le côté autofictionnel, paranoïaque et angoissé de Lunar Park et enfin la violence tirant vers le thriller de American Psycho1.

C’était simplement quelqu’un [l’auteur] qui flottait au milieu de nos vies et n’avait pas l’air gêné par sa perception stéréotypée de chacun de nous ou par le fait qu’il dévoilait nos échecs les plus secrets au monde entier, préférant glorifier l’indifférence juvénile, le nihilisme rutilant, donner l’éclat du glamour à toute l’horreur du truc.

Cette tentative désespérée ressemble au chant du cygne du Bret Easton Ellis romancier – même si tout le monde n’est pas de mon avis, j’avais plutôt bien aimé ses premiers pas dans le domaine de la non-fiction avec White. On dirait qu’il est arrivé au bout de quelque chose. Comme les héros de ses romans, il ne parvient plus à se renouveler. Ce livre qui tente de mixer les vielles recettes qui ont fait son succès aux angoisses de l’âge ne convainc pas vraiment. L’apparition d’un découpage en courts chapitres est une nouveauté, un petit côté conventionnel qui a l’avantage de bien découper les scènes et qui leur donne une touche cinématographique. Ce n’est pas un échec total – comme Glamorama – car il est plutôt prenant, mais définitivement, c’est moche de vieillir.


Ellis, Bret Easton. Suite(s) impériale(s). Traduit par Pierre Guglielmina, Robert Laffont, 2010.


  1. Ellis, Bret Easton. American Psycho. Traduit par Defossé, Alain, 10/18, 2005. ↩︎