J’ai vraiment dû rater quelque chose. Il y a bien une esthétique dans cette BD, un hommage au cinéma de genre, au slasher1. Les plans sont très travaillés, très cinématographiques. Un côté un peu contemplatif, très peu de dialogues. Beaucoup de choses sont suggérées – c’est là que j’ai vraiment dû passer à côté. Le scénario est à la frontière entre la réalité et l’onirisme, la frontière est assez floue et le résultat est étrange. J’ai eu l’impression d’avoir vu un film que je ne regardais pas vraiment, comme s’il passait en fond me laissant juste des images et des impressions.

Côté graphique, c’est du crayonné très réussi, mais la couleur aurait été une option crédible lorsque l’on voit le résultat sur la couverture. Dans tous les cas, ils rendent bien cette atmosphère. Enfin, il me semble qu’il y a une référence assez claire, via le personnage de Daniel, au tueur en série Jeffrey Lionel Dahmer sujet d’une autre bande dessinée Mon ami Dahmer – en tout cas ils ont un fort air de ressemblance et une passion commune pour les travaux pratiques de biologie. J’ai l’impression qu’il s’agit d’une BD de spécialiste, et je ne doute pas qu’Antoine Maillard en soit un, qui s’adresse peut-être plus à d’autres spécialistes ou d’autres fans dont je ne fais pas partie.


Maillard, Antoine. L’Entaille, Cornelius, 2021.


  1. Le slasher (de l’anglais slasher movie) est un sous-genre cinématographique du film d’horreur. Un slasher met systématiquement en scène les meurtres d’un tueur psychopathe, parfois défiguré ou masqué, qui élimine méthodiquement les membres d’un groupe de jeunes ou d’autres personnes, souvent à l’arme blanche1. (Wikipédia). ↩︎