Ce livre est un recueil d’articles très variés qui pourraient former un tout comme le souligne la quatrième de couverture.
Le tout peut se lire aussi comme une sorte d’autobiographie.
C’est très vrai, cette mosaïque brosse un portrait représentatif d’Emmanuel Carrère. On y retrouve ses sujets de prédilection, la littérature, la Russie, ses livres sur Philip K. Dick, Limonov ou encore Jean-Claude Romand, l’affirmation du “Je” dans ses écrits de non-fiction qui sont devenus au fil du temps sa signature – et je vous laisse découvrir la suite. Voici par exemple ce qu’il dit au sujet de l’écriture de De sang froid dans son texte Capote, Romand et moi.
Et je pense que cette histoire-là, celle des relations de Capote avec ses personnages, il ne l’a pas seulement gommée du livre pour des raisons esthétiques, parnassiennes, parce que le “je” lui semblait haïssable, mais aussi parce qu’elle était trop atroce pour lui, et au bout du compte inavouable.
Je pense l’avoir déjà dit, mais il a un tel talent qu’il peut rendre passionnant le sujet le plus ennuyeux. C’est un formidable écrivain – sans nul doute l’un des plus grands écrivains français contemporains –, d’une élégance rare. Ce livre fonctionne un peu comme un nuancier qui donnera forcément envie de lire ou de relire tout ou partie de son oeuvre – mais aussi de découvrir d’autres auteurs et d’autres ouvrages puisqu’il en cite beaucoup. Des textes de ce niveau sont rares, alors ne boudons pas notre plaisir.
Emmanuel Carrère. Il est avantageux d’avoir où aller. P.O.L, 2016.