– On l’a identifié ?
– Sans tête ni mains ? Sans empreintes digitales ni fiche dentaire ? Ça va être dur.
Ce que l’on appelle désormais un tueur en série sévit dans la ville de Cleveland où vient d’être nommé chef de la sécurité publique Eliot Ness – il est peut-être utile de préciser que ce n’est pas un personnage de fiction, il a existé comme celui qu’il a longtemps pourchassé, Al Capone. En plus de leurs mutilations, les victimes sont d’autant plus difficiles à identifier qu’elles semblent être des marginaux qui ne manquent à personne. Un modus operandi qui n’est pas sans rappeler celui de Jack l’éventreur dont l’histoire a été magistralement racontée en bande dessinée par Alan Moore dans From Hell. Entre tensions au sein de la police et pressions politiques, l’enquête va être particulièrement difficilement à mener.
En apprenant que Torso venait d’être réédité chez Delcourt, j’ai eu envie de le relire et, plus de 20 ans après sa sortie, il n’a pas pris une ride. Il faut dire que le style est particulier, entre classicisme des dessins et mise en page très innovante. C’est la marque de fabrique de Brian Michael Bendis, elle intègre des répétions de plans, des copier-collers, des photos d’époque, des orientations de planches innovantes – la lecture en format numérique est déconseillée – et enfin énormément de clairs-obscurs qui donnent un côté indémodable aux dessins. C’est certainement l’un des meilleurs polars en BD et désormais un classique.
Brian-Michael Bendis, Torso, Semic, 2002.