Comment j'ai liquidé le siècle

Un roman sur le monde de la finance et les traders. Voilà qui est pile dans l’air du temps. D’ailleurs cette actualité est complètement assumée puisque les références aux marques et à l’actualité récente sont continuelles. Il est vrai que l’on pense tout de suite à American Psycho de Bret Easton Ellis tant l’univers est proche. Mais la comparaison s’arrête là. Dans ce livre, le ton est plutôt léger et flirte souvent avec l’humour. Flore Vasseur s’est basée sur l’actualité récente pour écrire une fiction rythmée et divertissante. Elle force le trait et appuie là où ça fait mal pour souligner l’absurdité de notre monde qui a récemment vacillé lors de la fameuse crise financière. ...

La Vague

Ben Ross est professeur d’histoire dans un lycée. A ce titre, il doit enseigner le régime Nazi à ses étudiants. C’est vraiment un sujet qui lui tient à coeur et, pour marquer les esprits, il décide d’illustrer son propos par la projection d’un film composé d’images d’archive des camps de concentration. Le film a l’effet escompté, les étudiants sont sous le choc. Il s’en rend compte et tente de les interroger et là stupeur ! Les images projetées à l’écran sont tellement choquantes que les étudiants n’arrivent pas à comprendre comment des êtres humains ont pu commettre de pareilles atrocités envers d’autres êtres humains. “C’est n’importe quoi, lança-t-il,. Comment pourrait-on massacrer dix millions de gens sans que personne s’en aperçoive ?” ...

Des garçons épatants

Ce roman se déroule dans le milieu universitaire, département littérature. Il aurait pu être écrit par un David Lodge sous cocaïne ou un Bret Easton Ellis sous Valium. Du coup, il est un peu en demi teinte et ne transmet ni le charme et la drôlerie d’un Changement de décor ni le côté complètement déjanté d’un livre comme Les lois de l’attraction. L’histoire est racontée par le personnage principal d’un seul jet sans chapitrage ni pause dans la narration. Cette technique, comme le tournage caméra à l’épaule au cinéma, est utilisée pour donner au lecteur une impression de réalité. Si elle s’avère payante au début, elle finit, comme au cinéma, par donner la nausée. Bref, un bon divertissement sans plus. ...

Le Lièvre de Vatanen

Vatanen est un journaliste qui va, au détour d’une route, croiser le chemin d’un lièvre. Ce lièvre sera pour lui le déclencheur et le symbole du changement de vie. Le retour à la nature. Tout arrêter et vivre une vie simple en homme libre. Voici ce que nous raconte ce livre dans un style extrêmement simple voire trop simple. Les aventures causasses de Vatanen prêtent plus à sourire qu’à rire. Les évènements s’enchaînent de manière décousue sans véritable liens entre eux. Le découpage à la hache des chapitres et la narration monocorde ne font que conforter la déception ressentie à la lecture de ce livre. ...

L'ombre du vent

L’histoire se déroule à Barcelone sous le régime de Franco. Elle s’intéresse au parcours du jeune fils d’un bouquiniste. Son père, en guise d’initiation l’amène dans un endroit secret où sont conservés des livres rares afin qu’il choisisse et s’approprie un livre. Le jeune garçon va se passionner pour le volume qu’il a choisi et pour son auteur dont l’histoire est plus qu’étrange et mystérieuse. L’idée de départ est intéressante et l’écriture assez belle et divertissante. Par contre, à trop exploiter et délayer ces éléments, le roman perd beaucoup en intérêt et en crédibilité. Je suis rapidement sorti de l’histoire et j’ai eu beaucoup de mal à terminer ma lecture. ...

Zuckerman enchaîné

Je connaissais Philip Roth grâce à son fabuleux roman La tache. Un peu déçu après la lecture de Complot contre l’Amérique, j’avais délaissé cet auteur. En lisant un article paru à l’occasion de la sortie de son nouveau roman, Exit le fantôme, mettant en scène – peut-être pour la dernière fois – son alter ego de papier Nathan Zuckerman ma curiosité a été piquée par la découverte des premiers romans relatant les aventures de ce personnage. ...

Les falsificateurs

Les falsificateurs est un de mes gros coups de coeur de l’année 2008. A ce titre, je tenais absolument à en parler ici. Antoine Bello raconte le parcours d’un jeune homme au sein d’une organisation clandestine (le CFR) dont le but est de falsifier le réel (d’où le titre !). Dans tous les métiers il y a différents niveaux, pendant que certains bâtissent des cathédrales, d’autres construisent des barbecues. La falsification n’échappe pas à cette règle universelle. On débute donc sa carrière de falsificateur par de petites missions qui pourraient paraître insignifiantes au profane mais qui ne modifie pas moins insidieusement le cours de l’Histoire. Changer la date à laquelle une statue a été érigée ou les statistiques d’un poisson du bout du monde sont des actes a priori anodins et indépendants qui ne tendent pourtant pas moins vers le même objectif. Mais lequel … ...

Le Magasin des Suicidés

L’auteur nous décrit la vie d’une famille de commerçants dont le métier est de vendre des articles permettant aux clients de se suicider. Le magasin propose donc un vaste choix allant de la traditionnelle corde avec nœud coulant au plus élitiste kit de Seppuku (hara-kiri). Malheureusement, cette très bonne idée de départ est mal exploitée, tout dans ce roman est exagéré à tel point qu’il n’est ni crédible ni drôle. L’objectif de créer une fable drôle et décalée à la morale résolument optimiste n’est pas atteint. ...

Sa Majesté des Mouches

Si je vous dis Robinson Crusoé, Seul au monde, Lost ou même Battle Royale. Vous me répondez sans hésiter île déserte ! Sa Majesté des mouches raconte la destinée d’un groupe d’enfants livrés à eux-mêmes sur une île, après le crash de leur avion. Comment vont-ils réagir, eux qui sont seuls pour la première fois de leur vie, sans aucun adulte pour encadrer le groupe ? Les enfants ont parfois peur d’un monstre imaginaire qui aurait élu domicile sous leur lit. Imaginez alors ce qui peut passer dans la tête d’un gamin ,à la tombée de la nuit, lorsque la forêt commence à bruisser… ...

La formule préférée du professeur

Une femme de ménage est embauchée par la belle-sœur d’un vieux professeur de mathématiques. Dès leur première rencontre et alors que le professeur l’assaille de questions saugrenues, elle est surprise de constater que la veste du professeur est constellée de notes manuscrites maintenues au tissu par des pinces. Elle va vite comprendre que c’est la mémoire du professeur qui est ainsi répandue sur des bouts de papier griffonnés à la hâte. Dans sa défaillance, la mémoire du professeur est d’une précision mathématique car elle ne persiste que 80 minutes. Quel désarroi pour ce pauvre homme, pour lequel le temps s’est arrêté bien des années auparavant, de revivre chaque jour la rencontre avec une femme de ménage qui semble très bien le connaître. Malgré son handicap, le professeur conserve ses capacités de réflexion et, s’il y a bien une chose qu’il n’a pas oublié ce sont les mathématiques et ses nombreuses curiosités : Les nombres parfaits, triangulaires mais surtout les nombres premiers. Ces nombres ne comportant pas de diviseur sont auréolés de mystère car on ne sait toujours pas les dénombrer ni même prédire leur apparition. ...

Léviathan

En lisant un article du New York Times relatant la mort d’un homme suite à l’explosion d’une bombe, Peter Aaron réalise avec effroi que c’est de son ami Ben Sachs qu’il s’agit. Avant que la police ne parvienne à identifier la victime et à comprendre l’affaire, il entreprend la rédaction de l’histoire de son ami inextricablement liée à la sienne. Comment un écrivain reconnu comme Benjamin Sachs a pu finir en miettes, littéralement soufflé par une explosion ? ...

Etat limite

Le titre qu’a choisi Pierre Assouline pour son roman est un terme plus connu sous son nom anglais de borderline. Ce terme désigne un trouble de la personnalité se situant entre la névrose et la psychose qui se manifeste généralement chez le sujet par un état cyclique. Pourquoi ce titre ? L’un des protagonistes souffre-t-il d’un tel trouble ? Pourtant, le personnage principal semble équilibré, par contre, il a la particularité d’exercer le métier rare, mais au combien intéressant de généalogiste. Son témoignage a habituellement une valeur historique ou une utilité plus terre à terre dans le cadre d’enquêtes pour héritages. Il apprendra à ses dépends que l’histoire peut aussi être utilisée comme une arme efficace et dangereuse. ...

Le rituel de l'ombre

Tout d’abord, il faut savoir que ce roman a été rédigé par un duo improbable composé d’un maître franc-maçon, Jacques Ravenne (c’est un pseudonyme), et d’un journaliste ayant enquêté sur les dérives liés à l’ordre, Eric Giacometti. Le rituel de l’ombre est le premier opus d’une série mettant en scène le personnage récurrent du commissaire Antoine Marcas. Ce commissaire, comme vous devez vous en douter, est lié de très près à la franc-maçonnerie. Il a été élevé au grade de maître au sein d’une loge. Durant cette aventure, il se retrouve mêlé, bien malgré lui, à une affaire trouvant ses origines durant la deuxième guerre mondiale. Les francs-maçons sont à nouveau menacés par leur ennemi de toujours. Tout au long du roman, les échanges entre Marcas et les autres protagonistes sont prétextes à évoquer l’univers de la franc-maçonnerie. Ils constituent également un habile moyen d’exposer les différents points de vues sur un sujet aussi controversé que celui-ci, et de poser une fois de plus l’inévitable question : Les francs-maçons sont-ils les bienfaiteurs de la société ou au contraire une communauté de nantis se rendant mutuellement des services ? ...

La part de l'autre

Comment imaginer que même le pire tyran aurait pu être un autre ? Emettre l’hypothèse que l’Homme n’est pas intrinsèquement mauvais, que c’est la vie qui le transforme. C’est le pari risqué que tente ici Eric-Emmanuel Schmitt en s’attaquant au chef de file des nazis. Pour démontrer sa thèse, il utilise un genre particulier d’uchronie. Dans ce roman, la séparation entre les deux Histoires a lieu au cours du récit. Afin de mettre en perspective les deux univers résultants – la réalité historique et la fiction –, l’auteur nous propose de suivre en parallèle le parcours d’Adolphe et d’Hitler. De ce fait, tout en revivant les horribles évènements de l’Histoire aux côtés d’Hitler, nous observons les choix de son double fictionnel Adolphe. ...

Un pedigree

Patrick Modiano raconte son enfance se déroulant à une époque trouble de l’Histoire de France. Elle est pour le moins atypique, on y croise des personnages au destin singulier tout droits sortis de films de gangsters. On ne connaît pas exactement la nature de leurs activités mais on la devine, comme en les observant au travers d’une vitre en verre dépolie ou plutôt au travers des yeux d’un enfant. Le style de Modiano est surprenant. Il nous étouffe, sous les faits, les histoires et les personnages. Là où d’autres consacreraient un chapitre au développement d’une anecdote, lui y accorde trois lignes et passe immédiatement à la suivante. Les personnages sont traités de la même manière, sans approfondir leur histoire. ...

Mon nom est Rouge

Le sultan a confié à l’Oncle la réalisation d’un livre sans pareille. Celui-ci fait donc appel aux plus grands maîtres peintres et enlumineurs pour la réalisation de cet ouvrage controversé. Pour ce faire, il prend d’infinies précautions pour commander la réalisation des plus dangereuses des miniatures. Ces dernières sont réalisées par plusieurs peintres sans qu’aucun ne puisse appréhender la scène dans son ensemble. Malgré ces précautions, l’un d’eux, monsieur Délicat, est assassiné par l’un de ces pairs. Le récit se déroule à une époque où l’art Moyen-oriental, initialement influencé par l’Asie commence à se tourner vers l’Occident. A cette époque, les grands maîtres, contrairement à leurs homologues occidentaux, ne signaient pas leurs œuvres. Ils s’attachaient plus à représenter les choses en conformité avec la tradition plutôt qu’à imposer leur propre style. Ici, pas question de perspectives, ou de représentations différenciables des visages, il ne s’agit pas de peindre la réalité telle qu’elle est observée par l’artiste mais telle qu’elle est vue par Dieu. ...

L'énigme

Ce roman est construit comme une pièce de théâtre – Serge Rezvani est aussi dramaturge – où une courte phrase décrivant le contexte de la scène laisse immédiatement place aux dialogues. Ces conversations se déroulent exclusivement entre trois personnages : un enquêteur du domaine maritime, un criminologiste, poète à ces heures, et un “théseur”. Ces trois protagonistes ont la lourde charge de résoudre l’énigme de la disparition de toute une famille d’écrivains. Les membres de cette étonnante famille ont tous disparu en mer alors qu’ils effectuaient une croisière à bord de leur cabin-cruiseur l’Ouranos. Les seuls indices dont disposent les enquêteurs sont d’étranges symboles gravés sur la coque immaculée du bateau ainsi qu’une masse d’écrits en encombrant les cabines. Curieusement, le “théseur” est l’élément central de ce triumvirat. Il connaît parfaitement la vie de chacun des membres de la famille Knight et est le seul capable d’explorer avec discernement les nombreux écrits retrouvés à bord du bateau. Les deux hommes chargés de l’affaire sont donc à la merci de ce lettré passionné qui va mener du début à la fin cette danse macabre. Il laissera peser le suspens jusqu’au bout, jouant avec les nerfs de ses deux commanditaires. Il distille les informations au compte gouttes, trouve des mobiles à chacun des membres et semble s’en amuser. ...

Ni d'Eve ni d'Adam

Comme Métaphysique des tubes, Biographie de la faim et Stupeur et tremblements, ce livre est un récit autobiographique ou une autofiction se déroulant au Japon. Amélie a, au moment du récit, 21 ans et nous raconte son bonheur d’étudiante vécu juste avant l’horreur du monde de l’entreprise relatée dans Stupeur et tremblements. Son bonheur, c’est le Japon personnifié par un beau et riche jeune homme prénommé Rinri. Au travers de cette relation, la jeune Amélie nous raconte, avec beaucoup d’humour, ce pays si différent du sien. On va donc, tout au long du livre déguster avec délice de nombreuses anecdotes plus drôles, étonnantes et instructives les unes que les autres. Avec Amélie Nothomb, même de banales piqûres de moustiques prennent une autre dimension, je vous laisse imaginer ce que donne une balade en forêt… ...

La chambre des officiers

En 1914, Adrien Fournier, jeune ingénieur provincial installé depuis peu à Paris, est mobilisé et part à la guerre. Il en reviendra trop vite, atrocement mutilé, défiguré, sans même avoir combattu. Son quotidien sera désormais celui d’un homme brisé, cloîtré dans une chambre sans miroir réservée à ceux que l’on nomme “les gueules cassées”. Dans cette chambre des officiers, auprès de ses compagnons d’infortune, il lui faudra entamer un long chemin de croix vers la guérison fait de souffrances physiques et surtout morales. Le reflet de soi dans les yeux des autres peut être bien pire que celui renvoyé par un miroir. ...

Les arpenteurs du monde

Ce livre relate la vie de deux grands savants allemands aux spécialités et profils bien différents. Le premier est le célèbre mathématicien Carl Friedrich Gauss. C’est un véritable génie précoce qui est tellement en avance sur son temps qu’il s’en rend lui-même compte. Il ne n’a de cesse de se lamenter en se demandant pourquoi il doit endurer le sort si cruel d’être né et de devoir vivre dans un monde si arriéré. Il pense plus vite que tout le monde et c’est principalement pour cette raison que les autres l’ennuient au point de presque tous les mépriser. Plus encore que les gens, il abhorre les voyages et ne quitte que bien malgré lui son domicile. ...