Kolkhoze
Marina, étant la plus petite, prenait la place dans le lit des parents. Nathalie et moi tirions nos matelas ou simplement des coussins autour du lit. Notre mère avait donné un nom à ce rituel du dortoir : faire kolkhoze. Nous adorions faire kolkhoze. Ce titre est un bel hommage à la mère qu’a été Hélène Carrère d’Encausse pour ses trois enfants. Une mère aimante, derrière le personnage impressionnant – parfois cassant – de la secrétaire perpétuelle de l’Académie française, première femme à occuper cette prestigieuse fonction. Le mot kolkhoze renvoie aussi, bien sûr, à ses origines géorgiennes, mais surtout russes, et à sa spécialité d’historienne de la Russie. Ce livre dépeint, sans surprise, une femme forte, travailleuse acharnée et infatigable, qui ne s’est relâchée – et encore – qu’à son entrée en soins palliatifs, où elle continuait à recevoir, assise et vêtue d’une robe. ...