La Modification

Un matin un homme quitte Paris pour Rome. Il a pris une grande décision. Il va rejoindre sa maîtresse. Il compte lui annoncer qu’il quitte enfin sa femme pour s’installer définitivement avec elle. Durant ce voyage, cette journée entière passée dans le compartiment 3ème classe du Paris-Rome, il ne surviendra pas de grands événements, sauf dans la tête de Léon. 24 h vont s’écouler pendant lesquelles il ne fera que penser à l’événement qui est en train de se jouer. Il va songer à sa nouvelle vie, à sa liberté et sa jeunesse retrouvées. A Paris et à Rome, à la routine et à l’aventure, à la tristesse et au bonheur, au passé et au futur. Il va faire des aller-retours entre les deux. Penser à sa femme, à ce qu’elle était et ce qu’elle est devenue. A ses enfants, aux espoirs et aux déceptions qu’ils ont suscité. Il va se poser beaucoup de questions, construire et déconstruire les différents scénarios dans sa tête en regardant défiler le paysage depuis ce compartiment inconfortable. ...

Glamorama

Un livre peut-il être périmé ? En lisant Glamorama, il semblerait que la réponse est oui. Je ne sais pas s’il pourrait être lu par une personne ne se trouvant pas dans la bonne tranche d’âge. C’est-à-dire quelqu’un qui avait entre 20 et 30 ans dans les années 90. Comment alors ne pas être submergé par la liste pléthorique – jusqu’à l’indigestion – de célébrités (people) citées. Bret Easton Ellis a atteint le seuil ultime du name dropping, il a établi un record. Heureusement – ou pas – je suis dans la tranche d’âge éligible et je n’ai donc eu aucun mal à me souvenir des quelques peoples tombés depuis dans les oubliettes du star system – qui se souvient aujourd’hui du groupe suédois Ace of Base ? ...

Les fleurs

L’histoire est toujours la même, celle du hasard, une rencontre. Si banal finalement et pourtant toujours aussi troublant. Comment une telle conjonction d’évènements a pu se produire pour aboutir à ce résultat ? Ce qui est original dans ce roman ce n’est donc pas l’histoire, j’entends la chaîne des évènements et des actions qui se produisent. Non, ce qui est intéressant, c’est ce qui se passe dans les coulisses, dans la tête des personnages. Christian Gailly nous en ouvre grand les portes et les met au premier plan, sur le devant de la scène. Alors, l’intérêt n’est plus le même car il s’en passe des choses dans la tête des gens. Une idée qui pointe son nez, un remords qui agace, un souvenir qui déboule ou une impression qui tamise de son éclairage unique une scène de la vie quotidienne. Dévoiler cette vie intérieure pour mieux comprendre les raisons, parfois complètement irrationnelles, qui animent les personnages se nomme en littérature courant de conscience. Ce procédé est parfois difficile à suivre mais permet d’appréhender pleinement la complexité de la psychologie des personnages. ...

L'attrape-coeurs

C’est l’histoire d’un adolescent paumé raconté à la première personne. Cet ado est Holden Caufield, il a 16 ans et vit aux Etats-Unis. L’histoire se déroule à New York sur deux ou trois jours pendant la période de Noël. Les faits sont décrits comme si le jeune homme nous les racontait à l’oral, nous faisant en même temps part de ses sentiments de ses interrogations et de ses doutes; c’est la technique du courant de conscience. Tout ceci semble très simpliste voire complètement décousu pourtant tout est extrêmement bien calculé. Au travers de ce qui semble être des bavardages et des inepties d’adolescents, on découvre la personnalité originale et complexe du jeune homme. Salinger utilise uniquement la voix de son personnage pour le décrire, il ne se met volontairement pas entre sa création et le lecteur ne commente pas, ne souligne rien. Il laisse le lecteur seul face au récit d’un Holden à la sensibilité à fleur de peau. On l’écoute d’abord avec un peu d’agacement, d’impatience et d’incrédulité qui peut même friser la lassitude. Puis, au détour d’une phrase, d’une anecdote on va être immanquablement touché par cette fragilité, par ce gentil garçon qui perd les pédales. ...

Sukkwan island

J’avais lu un peu partout qu’il s’agissait d’un livre très noir. J’ai pris cet avertissement à la légère en me disant que j’en avais vu d’autres: American Psycho et les livres de James Ellroy sont deux exemples qui me viennent à l’esprit. Et puis Sukkwan island est quand même publié par les éditions Gallmeister, grands spécialistes du genre nature writing qui n’a pas pour caractéristique principale de raconter des histoires sordides. Je suis donc parti confiant et même un brin moqueur envers ceux qui s’offusquaient de la noirceur de ce roman. Il faut bien avouer que j’ai été surpris. Tout avait pourtant bien commencé. Un père et son fils partent sur une île emménager dans une cabane pour passer un bout de temps ensemble – enfin assez longtemps à vrai dire. Ce qui paraît plutôt pas mal sympa dit comme ça. Mais, dès les premiers temps, vont apparaître quelques signes n’augurant rien de bon. ...