L’Étreinte

Une photo prise sur une plage de Cadaquès sur laquelle figure une belle silhouette en maillot de bain noir une pièce. On ne voit pas son visage caché sous ses cheveux. Mais à son attitude gracieuse, on ne peut s’empêcher d’imaginer. Qui peut-elle être, et si c’était la bonne, celle que le hasard – ou le destin – a mis sur sa route ? Si c’était le cas comment en être sûr, comment la retrouver ? Mais le hasard – ou le destin – est parfois cruel et réserve aussi de mauvaises surprises qui peuvent bouleverser une vie en quelques secondes. ...

5 mars 2022 ·  BD

Les locataires de l’été

Je pense – mais j’ai la flemme de vérifier – que ce titre m’a été conseillé par Frédéric Beigbeder dans son livre Premier bilan après l’apocalypse. Je ne connaissais pas du tout Charles Simmons avant de lire ce livre et le titre Les Locataires de l’été ne m’aurait pas attiré. Seule la belle couverture du Phébus libretto, illustrée par un détail d’une oeuvre d’Edward Hopper, aurait pu allumer une étincelle dans mon regard. Il est vrai que ce titre, Les Locataires de l’été, n’est pas une grande trouvaille du traducteur. Le titre original, même s’il est simple, Salt Water, me semble beaucoup plus approprié car je suppose qu’il fait précisément référence à ce passage très évocateur du livre. ...

Bonjour tristesse

On parle beaucoup de Sagan en ce moment. Ma grand-mère était une grande lectrice et aimait Sagan. Je me suis donc mis en quête de son plus célèbre roman Bonjour tristesse et je l’ai vite retrouvé dans sa bibliothèque. Le volume en question est une réédition pourvue d’une jaquette qui a un peu – beaucoup – vieilli, notamment la police de caractère utilisée pour le titre – elle ressemble un peu à du Comic Sans MS. Mais qu’importe, c’est le contenu qui prime. ...

Esprit d'hiver

Voici ce que disais le Lire du mois d’octobre à propos de Laura Kasischke – je n’arrive toujours pas à prononcer son nom. Il faut se méfier de Laura Kasischke, de son air de mère de famille souriante qui sort de son four d’exquis cookies au chocolat. Et ils ont raison – j’aurais dû m’en méfier ! Elle fait partie de ces auteurs américains plus connus en Europe que dans leur pays d’origine. Aux États-Unis elle est plus connue pour ses talents de poétesse que de romancière. La poésie est d’ailleurs la passion inassouvie de l’héroïne de son roman Esprit d’hiver. Cette femme a eu une existence compliquée – quel bel euphémisme – et s’apprête à vivre un jour de Noël qui démarre sous de bien mauvais auspices. ...

Vengeances

Il n’avait pas été très malin de ramener cette fille chez lui, de refaire le chemin avec elle pour l’installer dans la chambre d’amis. Il n’y comprenait rien. Il avait l’impression d’avoir agi comme un somnambule, d’avoir agi sous l’emprise d’un charme funeste, et d’ailleurs, la matinée avait été étrangement lumineuse, l’air glacé. En lisant les commentaires des lecteurs de Djian concernant ce livre paru en 2011, j’ai retenu une chose: ce n’est pas son meilleur livre. Et pourtant, le néophyte que je suis a été emballé par ces Vengeances. Plusieurs personnes m’avaient parlé de ce célèbre auteur français connu pour le sulfureux 37°2 le matin et s’étaient même offusquées lorsque je leur avais avoué sans ambages ne rien avoir lu de lui. Je n’ai pas d’explication concernant cette impasse. Peut-être des souvenirs de plateau télé à l’époque de la sortie de sa série Doggy Bag. Je me souviens très bien que le personnage m’avait déplu, sans raison particulière comme l’impression négative que l’on éprouve parfois lors d’une première rencontre. Il faut donc mieux définitivement faire connaissance avec l’oeuvre avant de rencontrer son auteur. ...

Le sermon sur la chute de Rome

Pour la deuxième fois, le Goncourt est remporté par Actes Sud. La maison d’édition d’Arles ne pouvait rêver mieux pour inaugurer ses nouvelles couvertures qu’un beau bandeau rouge siglé du Graal de la littérature française. Elles ne sont plus illustrées, mais affichent l’austérité qui est devenu l’apanage des prestigieuses collections des grandes maisons comme Gallimard ou Grasset. La seule concession au conformiste concerne le format plus étroit que les standards qui devenu au fil du temps la marque de fabrique de la maison. Mais parlons du livre et de son auteur Jérôme Ferrari. Ce professeur de philosophie avait déjà fait parler de lui avec son précédent roman Où j’ai laissé mon âme1 traitant de la torture en Algérie. L’Algérie où il a enseigné, il en est question dans ce livre, mais ce n’est pas le théatre principal du roman. Il se déroule sur les lieux d’une autre de ses affectations : la Corse. ...

Une fille, qui danse

Une fois n’est pas coutume, – et je vais faire plaisir à Olivier Mannoni, le traducteur de Martin Suter et ancien président de l’ATLF (Association des Traducteurs Littéraires de France), qui avait écrit un commentaire en réponse à mon billet consacré au Diable de Milan – je vais débuter cet article en parlant traduction. Dans Une fille, qui danse, c’est d’abord la virgule figurant dans le titre qui m’a interpelé lorsque j’ai observé la couverture. Ensuite, j’y ai repensé et me suis interrogé sur son sens lors de la lecture. Il semblait seulement faire écho à un épisode anecdotique du livre – après tout pourquoi pas. Lorsque j’ai reposé le livre une fois terminé, cette question du titre m’agaçait encore l’esprit et j’ai donc vérifié ce qu’il donnait dans sa version originale – cette fois, je savais sans le moindre doute qu’il s’agissait d’une traduction – : The sense of an ending. Il n’y a pas besoin d’être très doué en anglais pour s’apercevoir que ces deux titres n’ont rien à voir. Pour en parler qui est mieux placé que le traducteur lui-même, Jean-Pierre Aoustin, que nous avons la chance de lire sur le blog de l’ATLF – tiens nous y revenons, désolé j’ai coupé deux commentaires car je ne voulais pas trop en dévoiler sur l’intrigue : ...

Sukkwan island

J’avais lu un peu partout qu’il s’agissait d’un livre très noir. J’ai pris cet avertissement à la légère en me disant que j’en avais vu d’autres: American Psycho et les livres de James Ellroy sont deux exemples qui me viennent à l’esprit. Et puis Sukkwan island est quand même publié par les éditions Gallmeister, grands spécialistes du genre nature writing qui n’a pas pour caractéristique principale de raconter des histoires sordides. Je suis donc parti confiant et même un brin moqueur envers ceux qui s’offusquaient de la noirceur de ce roman. Il faut bien avouer que j’ai été surpris. Tout avait pourtant bien commencé. Un père et son fils partent sur une île emménager dans une cabane pour passer un bout de temps ensemble – enfin assez longtemps à vrai dire. Ce qui paraît plutôt pas mal sympa dit comme ça. Mais, dès les premiers temps, vont apparaître quelques signes n’augurant rien de bon. ...

Le sel

Jean-Baptiste Del Amo est un jeune auteur français qui, après la publication d’un recueil de nouvelles, a fait une entrée remarquée dans le monde de la littérature en décrochant le prix Goncourt du Premier Roman pour Une éducation libertine1. Il revient avec un nouveau roman au titre court mais évocateur, Le sel. On pense d’abord à la mer, c’est la première chose qui vient à l’esprit. Puis aux larmes peut-être et au sel qui ravive les blessures. Il y a tout ça dans ce livre mais les lecteurs découvriront au fil des pages que bien d’autres choses peuvent avoir le goût du sel. C’est un livre sur la famille et les malheurs qui peuvent la frapper. Ces malheurs qui macèrent au fond des coeurs et gonflent pour jaillir enfin en une bile brulante mais salvatrice. ...