L’annulaire

C’est en écoutant une émission de radio consacrée à Françoise Nyssen récemment nommée ministre de la culture, que j’ai pensé à Yoko Ogawa. Pourquoi ? Parce qu’avant d’exercer ces hautes fonctions elle fut la directrice des éditions Actes Sud créées par son père. Il faut se souvenir que pour se faire une place parmi les grands, Actes Sud a d’abord misé sur un terrain relativement délaissé par ses concurrents, la littérature étrangère. Elle a su dénicher des auteurs de talent issus des quatre coins du globe et à l’instar de Paul Auster pour les États-Unis, Yoko Ogawa peut être érigée en digne représentante du Japon. Elle est au catalogue depuis le milieu des années 90 et comme pour Paul Auster, Actes Sud propose un recueil de ses oeuvres (une intégrale) disponible en deux volumes. Elle écrit des histoires où le fantastique s’insinue volontiers dans le quotidien un peu à la manière d’Haruki Murakami pour qui elle revendique une admiration et une filiation. Malgré des lectures enthousiasmantes du Musée du silence, de La formule préférée du professeur, je m’étais arrêté sur un décevant Parfum de glace et n’avais plus rien lu d’elle depuis plusieurs années. Je me souvenais posséder un fin volume grand format et je me suis donc mis en quête de L’Annulaire – ce qui ne fut pas chose facile. ...

Parfum de glace

Commencez par une bonne dose de parfum, saupoudrez d’une pincée de mathématiques, ajoutez des glaçons et remuez pour obtenir Parfum de glace. Le livre débute par la mort, a priori par suicide, du fiancé de Ryoko, Hiroyuki, un jeune homme discret et intelligent exerçant le métier de parfumeur. Mais Hiroyuki n’est pas celui que croit être Ryoko malgré le fait qu’ils vivaient ensemble. En enquêtant sur les raisons de sa mort, elle va découvrir les nombreuses facettes de ce jeune homme hors du commun. ...

Le musée du silence

Dans un petit bourg japonais isolé, une très vielle dame conçoit un étrange projet. Elle souhaite dédier un lieu aux habitants de son village. Ce sera un musée, le musée du silence puisque ceux auxquels elle souhaite rendre hommage sont morts. Pour ce faire, elle a une idée originale. Elle souhaite exposer un objet propre à chacun des défunts. Bien sûr ce n’est pas n’importe quel objet mais un objet qui représente le plus fidèlement possible chaque habitant. Ce ne doit donc pas être un objet banal comme une brosse à dent ni un objet d’exception comme peut l’être une montre ou un bijou. Il faut qu’il soit intimement lié à la personne, qu’il contienne un peu de son âme afin qu’elle puisse survivre par-delà la mort. C’est pour rassembler cette collection et devenir le conservateur de ce curieux musée qu’est embauché le jeune homme, protagoniste principal de cette histoire. Surpris dès le début par l’entreprise que souhaite mener cette troublante vielle dame, il va tomber de Charybde en Scylla en découvrant bien des mystères. ...

La formule préférée du professeur

Une femme de ménage est embauchée par la belle-sœur d’un vieux professeur de mathématiques. Dès leur première rencontre et alors que le professeur l’assaille de questions saugrenues, elle est surprise de constater que la veste du professeur est constellée de notes manuscrites maintenues au tissu par des pinces. Elle va vite comprendre que c’est la mémoire du professeur qui est ainsi répandue sur des bouts de papier griffonnés à la hâte. Dans sa défaillance, la mémoire du professeur est d’une précision mathématique car elle ne persiste que 80 minutes. Quel désarroi pour ce pauvre homme, pour lequel le temps s’est arrêté bien des années auparavant, de revivre chaque jour la rencontre avec une femme de ménage qui semble très bien le connaître. Malgré son handicap, le professeur conserve ses capacités de réflexion et, s’il y a bien une chose qu’il n’a pas oublié ce sont les mathématiques et ses nombreuses curiosités : Les nombres parfaits, triangulaires mais surtout les nombres premiers. Ces nombres ne comportant pas de diviseur sont auréolés de mystère car on ne sait toujours pas les dénombrer ni même prédire leur apparition. ...