“Mes 100 livres préférés (pour le prix d'1)” nous dit Frédéric Beigbeder sur le bandeau promotionnel rouge entourant le livre. L’ancien publicitaire n’a pas perdu le sens de la formule et il avait même créé un site web pour l’occasion – les liens pointant vers Amazon, le malin, il n’y a pas de petits profits.

Je ne parlerai pas de la préface qui n’est, selon moi, pas l’intérêt de ce livre de chroniques et qui même le dessert. Côté chroniques, il n’en est pas à son coup d’essai – je ne parle pas de son passage sur Canal + – puisqu’il avait déjà publié un recueil semblable au titre annonciateur: Dernier inventaire avant liquidation. Cette fois, il ne se base pas sur une liste préétablie – le premier livre commentait les 50 premières oeuvres parmi une sélection de 100 établie par les lecteurs du journal Le Monde – mais nous présente ses 100 livres préférés.

Ceux qui ont suivi ses chroniques et/ou lu ses livres le reconnaitront au travers de ses choix. Les amateurs d’histoires bien alcoolisées et droguées pimentées de name-dropping, les fêtards de la littérature seront servis. Ils commenceront par le très chic F. Scott Fitzgerald et retrouveront dans le haut du classement le pape du genre Bret Easton Ellis et son génial American Psycho mais aussi, un peu plus bas, celui que l’on a vu affairé, le nez au dessus du capot d’une voiture, en compagnie de notre ami Beigbeder, j’ai nommé Simon Liberati l’auteur du remarqué Jayne Mansfield 1967 – c’était certainement un problème de bougies rien à voir avec autre chose.

Ce que je dis est un peu réducteur – mais quand même très vrai – car il présente beaucoup de livres ayant d’autres thématiques et en général beaucoup à découvrir malgré un petit penchant pour les écorchés vifs, les météores : “Tel est le principal avantage de mourir jeune : on vieillit moins longtemps.” Les chroniques sont présentées dans un ordre de préférence inverse – c’est un malin car s’il avait fait le contraire, on aurait lu les premières pages et on se serait foutu du reste – et agrémenté d’un court paragraphe, souvent drôle, consacré à l’auteur. Frédéric Beigbeder est l’ancêtre d’un blogueur sauf que lui est riche et célèbre et n’utilise ni Blogger ni Wordpress mais publie directement chez Grasset, c’est quand même bien plus chic.

Au delà du choix qui par définition est subjectif, l’autodérision, l’humour et, plus généralement, le fait de ne pas se prendre au sérieux sont une vraie bénédiction. Sous ses airs fantasques, ce punk BCBG – comme il se définit lui-même – en connaît un rayon sur la littérature et on se laisse guider en souriant systématiquement en réponse à ses nombreux traits d’humour. On imagine avec envie une longue conversation dédiée à la littérature. Elle se déroulerait au bar d’un grand hôtel de la capitale autour d’une bouteille de champagne et se poursuivrait jusqu’au moment où il ne serait plus possible de s’entendre et/ou de se comprendre. C’est le message qu’il nous délivre par ses choix: aimer lire c’est bien, mais vivre c’est mieux.

C’est un livre qu’il faut garder sur sa table basse d’abord parce que c’est plus classe que TéléZ et moins intello que Télérama mais surtout pour picorer ces textes comme on déguste un bon verre et s’accorder ainsi un court instant de culture drôle et intelligent après une journée dans ce monde de fous.


Frédéric Beigbeder, Premier bilan après l’apocalypse, Grasset, 2011, 432 p, Amazon.