D’habitude je ne cite pas les quatrièmes de couverture, mais là je ne peux pas résister.

Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état.

Jean Echenoz va bien aux éditions de Minuit et vice-versa. Ainsi le contenant ressemble au contenu: sobre, épuré et élégant. Si vous voulez vous convaincre du lien qui existe entre l’écrivain et cette maison, lisez Jérôme, l’hommage qu’il a rendu à Jérôme Lindon qui en fut l’emblématique directeur.

Nous avons célébré il y a peu le centenaire de la Première Guerre mondiale et, sur les tables des libraires, se sont empilés les pavés consacrés à cette douloureuse période. Il faut dire que le sujet est poignant et peut aussi se prêter au romanesque. Echenoz apporte sa pierre à l’édifice petite par la taille et grande par le talent, tout en discrétion à l’image de son titre réduit à sa plus simple expression 14.

Je l’ai déjà dit, mais je le répète car c’est flagrant dans ce livre – mais aussi parce que j’aime bien – Echenoz produit du concentré de littérature. Tout est là, mais rien n’est en trop. Il travaille pour atteindre la perfection et comme le disait Antoine de Saint-Exupéry.

Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher.

Le style est sobre et original à l’image de son facétieux narrateur tour à tour empreint de compassion ou d’ironie. En à peine une centaine de pages Jean Echenoz nous livre un concentré de guerre, ou un concentré de roman tout court, agréable à lire, prenant, poignant, sans pathos. Ne perdez pas de temps, allez à l’essentiel, lisez 14.


Jean Echenoz, 14, Les Editions de Minuit, 2012, 123 p, Amazon.