Dans ce second tome (vous pouvez lire l’article consacré au premier ici), c’est vraiment la joie qui domine, celle incomparable transmise par la musique. Cette sensation est parfaitement rendue, on a l’impression de participer à la fête. Des éléments comme la scène isolée dans la salle de bain ou le récit enchâssé du conte narré par Tchokola sont des respirations, des contrepoints qui donnent de l’ampleur au récit. Tout ceci fait de ce tome le point d’orgue de la série.

Une fois que l’on a dit tout cela, il ne faut surtout pas passer à côté des notes situées à la fin du volume. Il s’agit de 17 feuillets manuscrits regroupés sous le titre Notes au sujet de l’aquarelle, voici le début:

  1. Il faut mettre beaucoup d’eau
  2. Il ne faut pas colorier dans les traits
  3. Il ne faut jamais donner aux choses leur vraie couleur

Ces trois points constituent des petites certitudes autour desquelles on pourra mener, sa vie durant, d’innombrables expérimentations chromatiques.

La suite est à l’avenant. Joann Sfar n’est pas doué que dans le dessin, il écrit très bien et c’est un régal lorsqu’il est question de ce sujet qui le passionne et qui n’est certainement pas étranger au plaisir qu’il éprouve à dessiner Klezmer. Il nous parle de sa vision des choses, de ses maître (Quentin Blake) et de ses collègues (Christophe Blain et Emmanuel Guibert principalement). Il le fait avec tellement de talent et d’intelligence que j’imagine sérieusement la publication d’une version un peu étoffée – et dactylographié – de ce texte accompagné de belles aquarelles.

J’ai rarement vu une BD d’une telle qualité accompagnée d’une réflexion aussi poussée de l’auteur sur son travail. Profitez de ce tome et du suivant car ensuite ça se gâte. L’histoire devient plus sombre, les notes vont être de plus en plus dures et la qualité ne sera pas toujours au rendez-vous – le 3ème est bien, mais le 4ème tome est une catastrophe, le 5ème clôt tant bien que mal l’histoire. Les séries de BD c’est comme le bricolage, il faut savoir arrêter quand on en a assez sinon on ne fait que des conneries.


Joann Sfar, Klezmer #2, Gallimard Jeunesse, coll. “Bayou”, 2006, 128 p, Amazon.