En tout cas oui, Sandra [Magnus l’astronaute membre d’équipage sur la dernière mission de la navette Atlantis], je souscris entièrement à cette appellation, tout cela est un roman, je l’écris noir sur blanc. C’est absolument un roman, parce que je n’y étais pas. Mais c’est un roman dont la contrainte a été que chaque détail soit véritable, dans l’idée que tant d’exactitude devait produire un effet. Je ne sais pas au juste lequel.

Est-ce qu’il s’agit vraiment d’un roman ? Je dirais plutôt que c’est un reportage, mais un reportage qui ne serait pas fait sur le terrain en direct – c’est un peu compliqué vu le sujet –, mais reconstitué, comme il est dit plus haut au plus proche de la réalité. Mais Christine Montalbetti qui nous raconte – c’est le bon mot – joue un rôle de premier plan – ou de second si vous voulez – puisque par ses digressions, la conversation avec les protagonistes, la mise en avant de ces toutes petites choses, fait participer le lecteur, ressentir les émotions. Et ça fonctionne, j’ai ressenti du stress lorsque l’équipage a passé deux longues heures assis dans la navette, le dos parallèle au sol, les pieds tournés vers les cieux entouré des véritables bombes que sont les boosters, attendant patiemment la fin du compte à rebours pour se déclencher – 450 tonnes de carburant chacun quand même.

De l’étonnement à peu près tout au long du livre en prenant conscience de ce que représentent ces voyages dans l’espace. De l’émerveillement en observant par procuration la Terre vue de la station spatiale internationale – cette dernière est au passage une belle démonstration que la coopération entre les nations peut être fructueuse et aboutir à de grandes choses, une belle utopie devenue réalité. De l’émotion de savoir qu’il s’agit du dernier vol de la navette Atlantis et avec elle des navettes de ce type. Du respect devant le courage de ces femmes et de ces hommes. De l’admiration devant la prouesse technologique que tout cela représente. Enfin, il faut aussi lire ce livre pour profiter du talent de conteuse de Christine Montalbetti dont vous n’oublierez pas le style inimitable. Une très belle expérience de lecture aussi enrichissante sur le fond que sur la forme qui prouve que littérature et science peuvent faire bon ménage.


Christine Montalbetti, La vie est faite de ces toutes petites choses, P.O.L, 2016, 336 p, Amazon.