J’ai trouvé Outresable à la bibliothèque et je l’ai commencé aussitôt rentré à la maison. Comme je m’y attendais, c’est de la SF pour la plage et en plus il n’y a que du sable partout – désolé la blague est nulle, mais je n’ai même pas fait exprès. Dans les faits, je n’ai rien contre un bon roman de SF pas trop compliqué à lire pendant les vacances. En quelque sorte, l’équivalent d’un polar que l’on lit distraitement entre une baignade et une partie de raquettes. On n’a pas toujours envie de lutter pour comprendre, de lire dans l’angoisse de rater un élément crucial parce que l’on a été dérangé pendant la lecture d’une phrase par la famille d’à côté occupée à sortir des canettes géantes de leur glacière, transportée jusqu’au bord de l’eau par un diable sur lequel elle se trouve encore.

Dans cette catégorie Outresable doit assez bien fonctionner et être assez prenant puisque j’ai lu plus d’une centaine de pages en moins de deux jours – sans être sur la plage qui plus est. Le principe de la recherche d’une cité perdue – le mythe de l’Atlantide – fonctionne manifestement toujours aussi bien. Les livres bénéficient toujours chez moi d’un état de grâce qui dure a peu près jusqu’à la centième page – ce chiffre peut varier en fonction du livre. Cet phénomène, cette indulgence naïve, s’explique par l’attrait de la découverte. Celle de l’histoire, des personnages, du style de l’auteur et puis cette limite intangible est franchie et là le couperet tombe. Dans ce cas la réaction a été violente. J’ai été excédé par les techniques d’écriture employées par le Bernard Werber américain, Hugh Howey comme par exemple les changements de point de vue à la hache juste pour ménager le suspense artificiellement. Je vous passe les personnages stéréotypés et leur lourd passé, l’injustice commise dès le début du livre qui a pour vocation de donner naissance à un sentiment de revanche chez le lecteur, j’oubliais également l’histoire d’amour – un grand classique – et je ne parle évidemment pas du style.

Je ne peux pas dire que je n’étais pas prévenu, puisque j’avais a peu près les mêmes griefs contre son précédent livre Silo. C’est dans les deux cas une déception car je reste convaincu que les histoires qu’il développe ont de l’intérêt, par contre le formatage pour lecteur lambda qu’il utilise est de l’anti-littérature – autant regarder un film grand public américain, c’est moins long. Je n’ai pas l’habitude de critiquer si durement les auteurs, la prochaine fois, je ne me ferai pas avoir, c’est le dernier Hugh Howey que je lis.


Hugh Howey, Outresable, traduit par Thierry Arson, Actes Sud, 2019, 398 p, Amazon.