Une saga (mot islandais, pluriel sögur) est un genre littéraire développé dans l’Islande médiévale, aux xiie et xiiie siècles, consistant en un récit historique en prose, ou bien une fiction ou légende. – Wikipedia

C’est par un retour aux sources sur le sol de feu de glace islandais au Moyen Âge que Jérémie Moreau a souhaité livrer sa saga. Ce qui est intéressant dans son approche c’est qu’il n’utilise pas un personnage existant, mais en crée un de toute pièce. Son destin est intimement lié à celui de sa terre natale et à ce qui en est l’une des particularités les plus notables, ses volcans. Comme eux, il est doté d’un tempérament bouillonnant et imprévisible. Il personnifie l’Islande, sa chevelure rousse flamboyante et sa force hors du commun en sont la parfaite illustration – il est comparé à la créature des légendes scandinaves le troll.

Comme la saga qui l’inspire, cette BD est faite pour devenir ce que l’on appelle un classique instantané. Pour cela, l’auteur emprunte plusieurs choses au genre classique. Tout d’abord, le fait de créer une empathie entre le lecteur et le héros en faisant subir à ce dernier toutes sortes d’injustices. Le désir de vengeance ne fait qu’attiser l’envie de lire. Sur la forme également le classicisme est de mise puisque le début et la fin sont canoniques. Ils se répondent et se rejoignent dans un arc parfait. Enfin, il offre à ce récit un écrin à sa mesure. Les dessins, les peintures devrais-je plutôt dire, sont magnifiques. Elle mettent autant en valeur les scènes intimes en donnant vie à des personnages que les décors grandioses et tourmentés de l’Islande. Sachant tout cela, ce n’est pas surprenant que cette oeuvre ait été récompensée en 2018 par le Fauve d’or à Angoulême.


Moreau, Jérémie. La Saga de Grimr. Delcourt, 2017.