Portugal est une oeuvre majeure de la bande dessinée moderne. L’avalanche de prix qu’elle a reçu est là pour en attester. Cette consécration est amplement méritée tant l’ouvrage est abouti sur tous les plans. Scénaristiquement c’est la perfection. Un jeune homme qui entre dans l’âge adulte est en plein doute, désorienté et franchement au bord de la déprime. Il a peur de s’engager et sa relation bat de l’aile. C’est à ce moment, qu’à l’occasion d’un mariage, il va retrouver sa famille et renouer avec elle. Ce sera pour lui le début d’une nouvelle vie, un retour aux sources. Il partira bientôt en quête de ses racines, sur les traces de son grand-père au Portugal. C’est émouvant, profond, subtil, poétique et parfaitement bien mené, sans temps mort. Une vraie réussite, un scénario et une narration qui frôlent la perfection s’ils ne l’ont pas atteinte.

Et là, le grand bonheur de la BD par rapport à la littérature, les dessins. Ils sont largement au niveau du reste. Que dire, couleur directe, visages expressifs, ambiance et styles changeants, originalité. Là aussi, et peut-être plus encore au niveau graphique, c’est du grand art. Difficile d’en parler avec des mots, mais le plaisir de lecture est immense tout au long de ces 256 pages grand format. Ce livre est une prouesse, il faut absolument le lire. Il me rappelle un peu Le combat ordinaire. Sans vouloir les comparer – ça n’a pas de sens, mais je le fais quand même, il me semble être un cran au dessus. Cyril Pedrosa est un auteur de grand talent et j’ai hâte de lire son dernier livre L’âge d’or1. Cette fois, je ne vais pas commettre la même erreur, je vais l’acheter au lieu de l’emprunter à la bibliothèque.


Cyril Pedrosa. Portugal. Dupuis, 2011.


  1. Cyril Pedrosa & Roxanne Moreil, L’âge d’or (Dupuis, 2018) ↩︎