La parole de Dieu ! Non plus interprétée par l’Homme, mais littérale ! Dictée dans les mots qui ont suscité toutes choses ! Ces mots qui ont exilé Adam et béni Abraham. Ces mots qui se gravent dans la roche et commandent aux Hommes. Un verbe tout-puissant, le Troisième Testament !

Je ne sais pas si cette série a inauguré le genre ésotérique – que j’appelais aussi mystico-religieux – en bande dessinée, mais elle en est sans aucun doute une des meilleures représentantes. Suite à la parution du premier tome en 1997, d’autres séries de qualité ont été publiées dans son sillage comme Le Décalogue1 ou encore Le Triangle secret. Le Troisième Testament semble être inspiré, ou en tout cas partage de nombreux points communs, avec Le Nom de la rose2 adapté au cinéma en 1986. Les thèmes sont très proches, les deux histoires se déroulent à la même époque, et le design des personnages a un air de ressemblance avec la distribution du film tant on croit reconnaitre Sean Connery en Conrad de Marbourg et F. Murray Abraham en Bernardo Gui – c’est le rôle qu’il tenait dans le film. C’est ce dernier personnage d’inquisiteur qui m’a mis la puce à l’oreille car je ne savais pas, avant de m’y intéresser, que ce livre regorge de personnages réels ou, pour être plus précis, de personnages s’inspirant de personnages ayant existé. Pour plus d’information, je vous renvoie à l’article de Wikipédia consacré à la série. Ajoutez à cela une jeune et jolie héroïne au décolleté plongeant à donner des sueurs à toutes les robes de bure aux alentours et une horde stylisée et vous obtenez un panel de personnages qui tient largement la route. Un dernier mot sur l’esthétique – j’englobe en disant cela les dessins ainsi que les choix artistiques – qui est l’un des atouts de la série, il n’y a qu’à observer la couverture des albums pour s’en convaincre. Malgré la vingtaine d’années qu’ils accusent, les dessins, sublimés – je pense – par de la couleur directe, restent un des atouts de la série et proposent quelques décors somptueux comme la lugubre et impressionnante île forteresse de Stornwall.

Je possède les quatre tomes qui forment le premier cycle – depuis un prequel intitulé Le troisième Testament - Julius3 est venu compléter l’univers – mais je pense que je ne l’avais jamais lue en entier, j’avais simplement dû lire les deux premiers tomes lors de leur sortie. L’histoire mêle habilement les éléments ésotériques à la grande aventure. Evidemment certains passages semblent aujourd’hui caricaturaux car ils ont été vus et revus depuis, mais il faut songer que cette série a probablement été en partie une pionnière dans le domaine. Pour les nombreuses raisons évoquées ici, elle vaut largement le détour, mieux vaut l’original aux copies.


Dorison, Xavier, et Alice, Alex. Le Troisième Testament. Édition intégrale : tomes 1 à 4, Glénat BD, 2007.


  1. Giroud, Frank. Le Décalogue. Glénat BD, 2013. ↩︎

  2. Eco, Umberto. Le Nom de la rose. Grasset, 2012. ↩︎

  3. Alice, Dorison, et al. Le Troisième Testament - Julius. Glénat, 2010. ↩︎