Je ne sais pas pour quelle raison, mais je suis un grand fan d’un sous-genre littéraire – ce n’est pas péjoratif – relativement confidentiel portant le nom de campus novel et qui désigne – comme son nom l’indique – un roman se déroulant au sein d’une université. Je pense que tout a commencé avec les romans de David Lodge, la Trilogie de Rummidge, puis avec le livre de Donna Tartt Le maître des illusions, s’est poursuivi avec Le roman du mariage qui n’est pas dans le canon, mais s’en approche. Avec Moi, Charlotte Simmons par contre on est en plein dans l’archétype et c’est le grand Tom Wolfe qui s’y colle. Le dandy a promené son costume blanc sur les campus – il n’a pas dû passer inaperçu – afin de collecter, comme à son habitude, le matériel nécessaire à l’écriture de son livre.

Comme personnage principal il s’est glissé dans la peau d’une fille, Charlotte qui est l’héroïne de ce roman. Comme dans la grande tradition des romans d’apprentissage, il s’agit d’une fille de la campagne, innocente et prude, qui va se retrouver plongée dans le grand bain. Malgré son talent, puisqu’elle est très douée, et sa détermination hors du commun, ce passage à l’université ne va pas être un parcours de santé. Tom Wolfe est un marionnettiste, en maître du genre il semble prendre un malin plaisir à faire souffrir ses personnages. On dirait qu’il les met à cuire dans un marmite, change la température progressivement, ajoute des épices, les fait cuire tour à tour à feu vif puis à petit feu. Je sais depuis la lecture de son livre Le bûcher des vanités que Tom Wolfe est un adepte du rise and fall théâtral. Alors on pourrait dire que c’est parfois caricatural, bourré de stéréotypes, exagéré, mais ça fait partie du jeu. On pourrait aussi arguer que c’est un peu long, mais ça vaut vraiment le coup car ce livre regorge de moments d’anthologie.


Wolfe, Tom. Moi, Charlotte Simmons. Traduit par Bernard Cohen, Robert Laffont, 2006.