Un nom qui claque déjà comme celui d’un héros de bande dessinée. Un nom qui sonne encore aux oreilles de ceux qui ont vu finir le siècle dernier. Un nom qui sent la poudre, l’Afrique, la guerre, l’aventure.

C’est une vraie surprise de lire cette BD si travaillée et inspirée sur le plan graphique consacrée à un mercenaire dont le nom semble tiré d’un magazine pulp. On aime ou on aime pas le style, mais difficile de rester insensible à la signature graphique très artistique de cet ouvrage. Spontanément, j’ai pensé à des peintures sud-américaines – peut-être des ressemblances avec la Santa Muerte, le style ou le choix des couleurs – pourtant l’histoire nous emmène plutôt sur le continent Africain après des débuts en Asie et plus précisément en Indochine. C’est sur ce continent Africain que l’ancien militaire Robert Denard est devenu Bob Denard le mercenaire toujours partant pour faire tomber un dictateur et le remplacer par un autre plus conciliant envers les intérêts français. On est en plein dans ce que l’on appelle la Françafrique, la fin de l’époque coloniale officielle et les démarches – appelons-les comme ça – de préservation des intérêts économiques et stratégiques de la France par des moyens peu académiques – Poutine poursuit dans cette lignée avec son armée de l’ombre, Wagner.

Sur le plan de la narration, les dialogues avec la Mort pour évoquer les cas de conscience du mercenaire sont des respirations dans cette biographie. Un résultat très convaincant sur tous les plans que cette collaboration entre le scénariste Olivier Jouvray et la dessinatrice Lilas Cognet. Bob Denard en BD ou comment faire un très beau et bon livre sur un sujet que l’on pourrait croire ringard – désolé pour la mauvaise rime.


Jouvray, Olivier‌ & Cognet, Lilas. Bob Denard: Le dernier mercenaire. Glénat, 2021.