Et pour moi ? Qui papa avait-il été ? Quelqu’un dont je souhaitais la mort. Alors pourquoi toutes ces larmes ?

Il y a des moments dans la vie qui marquent. Perdre son père, la figure de l’autorité, en est un. Il revêt peut-être une plus grande importance encore lorsque l’on est jeune homme et que l’on est, ou que l’on s’apprête à devenir, père soi-même. La vie est un combat – ou plutôt un compat comme le disais la grand-mère de l’auteur qui ne savait pas prononcer les b. Son combat Karl Ove Knausgard a choisi de le raconter au travers d’une série de six volumes. Il est inscrit roman sur la couverture, mais le personnage principal et narrateur portant le nom de l’auteur laisse peu de doute au fait que nous ayons à faire à une autobiographie.

C’est une oeuvre hors normes que l’on rapproche parfois de celle de Marcel Proust. D’ailleurs ce n’est pas tout à fait involontaire puisque l’auteur le cite explicitement. La scène du coucher renvoie elle aussi à la scène introductive de La Recherche. En la lisant on comprend tout de suite que ce n’est ni un hommage et encore moins une imitation, mais une volonté d’atteindre lui-aussi des sentiments profonds dont ceux cruciaux remontant à l’enfance. Il y parvient tant on ressent la tension, l’ambiance pesante provoquée par le père.

Son histoire est racontée de façon très simple, sans artifices mais pas de façon linéaire car elle se déroule dans des temporalités différentes. Ce n’est pas la forme qui prime, mais la sincérité des propos et employer un langage proche du langage de tous les jours ne fait que renforcer cette encrage dans la réalité. Il raconte des scènes et des sentiments que l’on ne confierait à personne, tout juste à son psychanalyste. D’ailleurs cet exercice se rapproche d’une psychanalyse, c’est une catharsis pour l’auteur.

J’ai adoré ce livre surement parce qu’il m’a beaucoup touché, voire bouleversé par moment car il m’a souvent renvoyé à ma propre expérience. Ce n’est donc pas une lecture de tout repos et je vais faire une pause avant d’attaquer la suite.


Knausgaard, Karl Ove. Mon combat I : La mort d’un père. Traduit par Marie-Pierre Fiquet, Denoël, 2012.