Roberto Saviano revient sur son sujet de prédilection, la Mafia, avec un livre monstre qui tourne autour de la figure emblématique du juge Giovanni Falcone. Au delà du juge, le livre décrit le combat dantesque de la justice contre la Mafia qui a donné lieu au maxi-procès de Palerme lors duquel ont été jugés près de 500 accusés. L’auteur a délaissé la forme journalistique de Gomorra pour celle du roman vrai ou roman non fictionnel qui permet de raconter des évènements à hauteur d’homme. Et les hommes qui ont servi la justice pour lutter contre le crime organisé on fait preuve d’un courage et d’une abnégation hors du commun. Ces hommes se savaient condamnés à force de voir la mort frapper autour d’eux. Et bientôt les bombes ont remplacé les rafales de Kalashnikov.
Pour écrire ce livre Saviano a collecté une masse de documents et a effectué un travail de fourmi pour reconstituer au fil de ces presque 600 pages, rythmées par de courts chapitres, autant de moments clés. Ce genre de livre me fait penser aux romans politiques de James Ellroy, comme American Tabloid, ils sont aussi foisonnants et semblent avoir été écrits par un maniaque – ce n’est peut-être pas une impression. L’inconvénient est que ce livre demande un certain investissement de la part du lecteur, surtout s’il n’est pas familier de ces évènements – ce qui est mon cas. Il est extrêmement dense, il y a énormément de personnages – un lexique n’aurait pas été de trop – et la narration saute de chapitre en chapitre à travers l’espace et le temps. Un livre monument qu’il faut être en mesure d’apprécier à sa juste valeur.
Roberto Saviano. Giovanni Falcone, traduit par Laura Brignon. Gallimard, 2025.