Blizzard

Blizzard est un premier roman et une belle petite réussite. Pourtant, j’avais de quoi à être sceptique après avoir croisé les sempiternelles “jointures qui blanchissent” après seulement une trentaine de pages. […] je me tiens à la rampe de l’escalier du plus fort que je peux, pour ne pas tomber, je la serre jusqu’à blanchir les jointures de mes mains. L’intrigue se déroule dans les grands espaces de l’Alaska, mais est paradoxalement très resserrée, presque anxiogène par son ambiance. Le lecteur va la vivre au travers de quatre personnages dans ce que l’on pourrait appeler un huis clos – encore une fois malgré les grands espaces – auxquels Marie Vingtras donne la parole à tour de rôle au sein de très courts chapitres qui s’emboîtent comme des pièces de puzzle pour en révéler petit à petit des éléments. ...

Dans les forêts de Sibérie

Sylvain Tesson entre dans la catégorie des écrivains voyageurs. Comme ses illustres prédécesseurs il parcourt le globe et nous raconte ses aventures. Une fois n’est pas coutume, il a décidé de se sédentariser, mais rassurez-vous, il ne va pas nous raconter son Intérieur comme Thomas Clerc, non, ce serait trop simple. Lui décide plutôt d’aller se planquer dans une cabane au bord du lac Baïkal où il fait un peu frais en hiver – -30 environ – et où les voisins ne se bousculent pas au portillon – les plus proches, si l’on excepte les animaux sauvages, sont à plusieurs heures de marche. ...

Indian Creek

Indian Creek est un récit autobiographique, celui d’un hiver passé dans les Rocheuses au sein de l’état de l’Idaho par l’étudiant qu’était Pete Fromm en 1978. Les (montagnes) Rocheuses désignent une grande chaîne de montagnes (4 800 km de long pour 650 km de large) s’étalant du nord-ouest des États-Unis au sud-ouest du Canada. Aussi curieux que cela puisse paraître, il a vécu cette expérience dans le cadre d’un job saisonnier – qui ne se déroulait pas comme la plupart des autres l’été, mais l’hiver. L’objectif unique de ce travail était la surveillance d’une retenue d’eau dans laquelle grandissait d’invisibles alevins de saumons. Il consistait principalement à briser la glace qui se formait à la surface du bassin. Car il fait froid l’hiver dans cette région voire très froid surtout lorsque l’on doit vivre dans une tente. Ces conditions climatiques que l’on peut qualifier d’extrêmes constituent le premier inconvénient de ce travail, le second – qui est certainement le premier dans l’ordre d’importance – est très certainement l’isolement. Le site se situe à plusieurs kilomètres de toute civilisation et est uniquement relié au monde par une ligne téléphonique archaïque qu’il est possible d’atteindre après avoir parcouru 15 km depuis la tente. ...

Même les truites ont du vague à l'âme

Les titres des romans sont parfois originaux et n’ont rien à voir avec le sujet. Réjouissez-vous – ou pas – car ce livre traite bien de la pêche et de la philosophie qui l’accompagne – contrairement à Brève histoire de la pèche à la mouche déjà chroniqué dans le cadre d’un Masse Critique. Ca tombe bien, je n’y connais rien. Par contre, j’ai toujours aimé écouter les gens parler – les gens intéressants, évidemment. Dans cette catégorie, mes préférés sont les passionnés. Ils sont capables de parler des heures d’un sujet qui est pour d’autres insignifiant voire inexistant. Ils peuvent parcourir des kilomètres, sacrifier un week-end, affronter les pires intempéries pour assouvir leur besoin – et s’éloigner de leur femme. Ils sont extrêmement précis et vous ouvrent un monde là où vous ne voyiez auparavant que le néant. C’est le discours d’un passionné de pêche qui porte le titre poétique Même les truites ont du vague à l’âme. Ce n’est pas très glamour comme passe-temps mais attendez un peu de connaître les valeurs qu’elle véhicule pour juger. ...

Sukkwan island

J’avais lu un peu partout qu’il s’agissait d’un livre très noir. J’ai pris cet avertissement à la légère en me disant que j’en avais vu d’autres: American Psycho et les livres de James Ellroy sont deux exemples qui me viennent à l’esprit. Et puis Sukkwan island est quand même publié par les éditions Gallmeister, grands spécialistes du genre nature writing qui n’a pas pour caractéristique principale de raconter des histoires sordides. Je suis donc parti confiant et même un brin moqueur envers ceux qui s’offusquaient de la noirceur de ce roman. Il faut bien avouer que j’ai été surpris. Tout avait pourtant bien commencé. Un père et son fils partent sur une île emménager dans une cabane pour passer un bout de temps ensemble – enfin assez longtemps à vrai dire. Ce qui paraît plutôt pas mal sympa dit comme ça. Mais, dès les premiers temps, vont apparaître quelques signes n’augurant rien de bon. ...

Winter

Rick Bass est un écrivain américain exerçant également la profession de géologue. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres parmi lesquels on trouve, presque à part égale, des romans et des essais. Dans Winter, qui est un journal, il raconte son expérience de vie lorsqu’il décide de quitter la ville, en compagnie de sa femme, pour partir habiter à Yaak dans le Montana. Pour le coup, le dépaysement est total, Yaak est un tout petit village dans lequel on trouve uniquement un magasin général et un café. Dans ces contrées, l’hiver est particulièrement rude et Rick Bass, ayant conscience de sa condition de citadin, va s’employer à préparer la venue du terrible hiver. ...