Les titres des romans sont parfois originaux et n’ont rien à voir avec le sujet. Réjouissez-vous – ou pas – car ce livre traite bien de la pêche et de la philosophie qui l’accompagne – contrairement à Brève histoire de la pèche à la mouche déjà chroniqué dans le cadre d’un Masse Critique. Ca tombe bien, je n’y connais rien. Par contre, j’ai toujours aimé écouter les gens parler – les gens intéressants, évidemment. Dans cette catégorie, mes préférés sont les passionnés. Ils sont capables de parler des heures d’un sujet qui est pour d’autres insignifiant voire inexistant. Ils peuvent parcourir des kilomètres, sacrifier un week-end, affronter les pires intempéries pour assouvir leur besoin – et s’éloigner de leur femme. Ils sont extrêmement précis et vous ouvrent un monde là où vous ne voyiez auparavant que le néant. C’est le discours d’un passionné de pêche qui porte le titre poétique Même les truites ont du vague à l’âme. Ce n’est pas très glamour comme passe-temps mais attendez un peu de connaître les valeurs qu’elle véhicule pour juger.

Je précise, encore une fois, que je suis loin d’être un expert et que je n’ai pratiqué cet exercice qu’en de très rares occasion lors de vacances au bord de la mer. Par contre, je peux me qualifier sans hésitation de sympathisant tant je suis capable d’observer avec intérêt les efforts déployés par ces hommes. La pêche est un sport exigeant. Il nécessite une grande connaissance de la géographie, de la faune sous-marine et de la flore. Il requiert un don d’observation aiguisé et une certaine habileté manuelle car beaucoup fabriquent leurs propres appâts – ceux qui ont, plus prosaïquement, essayé de monter une simple ligne sauront de quoi je parle. Enfin, n’oublions pas le côté sportif car les pêcheurs dont nous parlons travaillent leur physique en déambulant en waders – je fais un peu mon malin ce sont des cuissardes – dans les rivières tout en lançant leur mouche.

C’est un peu tout cela que vous retrouverez dans ce livre. Des histoires de pêche avec ses classiques, les moments entre copains, les plaisirs simples d’un face à face avec la nature, les moments épiques – vous savez ceux qui commencent par “Tu te souviens de la fois où”. Tout ceci est raconté dans un style agréable et convivial à l’humour subtil. Le profane ne sera pas complètement perdu bien qu’aucune précision ne soit sacrifiée. Je suis mal placé pour le dire mais je pense qu’un spécialiste ne pourrait pas qualifier cet ouvrage de vulgarisation et y trouverait au contraire des informations pertinentes ou, à défaut, un recueil d’histoires divertissantes faisant écho à ses propres expériences. Ce sont celles qui pourraient être échangées dans un bar de village autour d’une bière ou sur les bords d’une rivière un café bien chaud entre les mains. Je pense que vous l’aurez compris, ce livre n’est pas un roman utilisant la pêche comme vecteur. C’est un livre de recueil d’histoires de pêche qui s’adresse en tout premier lieu aux amateurs mais qui pourra faire le bonheur d’autres lecteurs et, pourquoi pas, créer des vocations. J’ai passé un bon moment en lisant ce livre. Il m’a conforté dans l’idée que la passion est quelque chose qui ne s’explique pas mais qui rend la vie plus douce. Pour certains ce sont les poissons, pour d’autres les livres.

Je remercie les éditions Gallmeister ainsi que Babelio de m’avoir fait parvenir ce livre dans le cadre du programme Masse critique.