La Serpe

Philippe Jaenada n’aime rien moins que disséquer les anciennes affaires – ce que les américains nomment les cold cases. Ici, il s’intéresse à ce qui est connu comme le triple homicide du château d’Escoire. Cette nuit, parmi les quatre personnes présentes au château, Henri Girard est le seul survivant et donc le principal suspect. Celui qui n’est pas encore devenu Georges Arnaud l’auteur du Salaire de la peur, devient du même coup le seul héritier de cette riche famille. J’ai essayé de ne pas trop en dire, mais on devine sans mal qu’il y a de la matière et plus qu’il n’en faut à Jaenada qui n’a pas besoin d’autant tant il est prolixe. On ne s’en plaint pas – au moins au début –, car il est un bon compagnon, celui que l’on aime écouter pendant des heures nous raconter une histoire – et il vaut mieux parce qu’elle est longue cette histoire. C’est le roi de l’anecdote et de la digression à un point que j’avais rarement vu – pour ne pas dire jamais. Disons qu’il faut aimer les bavardages. ...

L'Entaille

J’ai vraiment dû rater quelque chose. Il y a bien une esthétique dans cette BD, un hommage au cinéma de genre, au slasher1. Les plans sont très travaillés, très cinématographiques. Un côté un peu contemplatif, très peu de dialogues. Beaucoup de choses sont suggérées – c’est là que j’ai vraiment dû passer à côté. Le scénario est à la frontière entre la réalité et l’onirisme, la frontière est assez floue et le résultat est étrange. J’ai eu l’impression d’avoir vu un film que je ne regardais pas vraiment, comme s’il passait en fond me laissant juste des images et des impressions. ...

6 févr. 2022 ·  BD

From Hell

Trop éprouvé par la lecture de From Hell du grand Alan Moore, je ne suis pas parvenu à écrire quelque chose de cohérent. Tout ce que j’ai réussi à faire est d’établir cette liste d’observations que je livre en l’état. Le grand scénariste Alan Moore, l’adaptation du film, l’ambition folle de cette BD font que j’avais envie de ce livre depuis qu’il est sorti chez Delcourt il y a une quinzaine d’année et voilà que je le reçois en cadeau pour ma fête – elle est pas belle la vie. Une oeuvre qui nécessite un certain investissement. Même s’il s’agit d’un monument de la bande dessinée – fait partie de ce que j’ai lu de plus abouti doit être rangé à côté d’un Mauss ou d’un Watchmen – même si ce n’est pas forcément le cadeau parfait à distribuer autour de vous – cf. plus bas. Le notes de fin très détaillées aident bien à la compréhension. Il faut faire l’effort de les lire si l’on veut éviter de passer à côté de trop de choses. C’est une lapalissade de dire ça, mais l’ambiance est vraiment pesante que ce soit les meurtres, le milieu de la prostitution, le quartier de Whitechapel, les dessins, les visions que prête Moore au personnage principal – c’est certainement un des trucs les plus flippants –, Sir William Gull – ah non c’est lui le plus flippant. Cette BD a reçu une avalanche de prix. La ballade dans Londres montre toute l’ampleur de la connaissance de Moore sur le sujet. Ça force le respect. On comprend mieux son énervement lorsque les studios hollywoodiens ont sorti cette stupide adaptation de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. L’angle que choisit Moore semble étrange au premier abord car la première idée qui vient à l’esprit lorsque l’on imagine comment raconter l’histoire de Jack l’éventreur et d’écrire un polar une sorte de wodunit – j’ai appris ce mot en lisant Agatha Christie (cf. Le meurtre de Roger Ackroyd). Suivre les policiers sur la piste du tueur étudier les indices, le mode opératoire, bref mener l’enquête avec eux. Mais c’est bien mal connaître l’histoire car dans ce cas le lecteur se ferait balader comme eux et ça ne serait pas très agréable. Non il prend le partie de faire quelque chose de très simple. Il a une thèse et la démontre tout simplement sans suspense ni mystère pour le lecteur. Et c’est diablement efficace. Moore va donc nous démontrer de façon magistrale qui était Jack l’éventreur! Franc-maçonnerie, architecture, époque victorienne, toponymie, connaissance parfaite de Londres. L’adaptation en film avec Johnny Depp. Je ne peux pas en parler car je n’ai jamais voulu la voir avant d’avoir lu le livre – je vais quand même prendre le temps de me remettre de la lecture avant de le visionner sur Netflix. Les dessins d’Eddie Campbell peuvent paraitre moches et fouillis au premier abord lorsque l’on feuillette simplement ce gros livre dans une librairie – il faut dire que c’est dense. Mais ils se révèlent d’une efficacité redoutable lorsqu’il s’agit de représenter un point de vue, une ambiance – la voiture dans Londres, j’ai des frissons rien que d’en parler –, ou tout simplement la laideur des gens. Je ne vous cache pas que la lecture a été éprouvante, une fois le livre terminé je me suis empressé de le cacher dans un coin reculé de ma bibliothèque de façon à l’oublier pendant quelques temps. Netley, j’ai vu Dieu. Je me suis agenouillé devant lui et il m’a dit quoi faire. Et Gull le médecin dit: “Mais converser avec les Dieux, c’est de la folie”. Et Gull l’homme répond: “Alors qui souhaiterait être sain d’esprit ?”. ...

9 sept. 2018 ·  BD

Mon ami Dahmer

Jeffrey Lionel Dahmer (né le 21 mai 1960 à Milwaukee – 28 novembre 1994 à Portage), surnommé “le cannibale de Milwaukee”, est un tueur en série américain qui a avoué avoir assassiné dix-sept jeunes hommes entre 1978 et 1991 (seize de ces meurtres ayant eu lieu entre 1987 et 1991). Ces meurtres comportaient des viols, des démembrements, de la nécrophilie et du cannibalisme.1 Eh bien, avant tout cela, Jeffrey Dahmer fut un lycéen et Derk Backderf était dans sa classe. Ils étaient aussi voisin dans la petit ville de Bath et même un peu amis – on peut dire ça. Mais, vous vous en doutez, Dahmer n’était déjà pas tout à fait comme les autres. ...

30 avr. 2015 ·  BD

Les âmes grises

J’avais attendu longtemps avant de lire ce livre, il était là tout proche prenant, depuis de longs mois déjà, la poussière sur l’une de mes étagères. C’est un livre que j’avais acheté d’occasion, je ne sais pas ce qui a poussé son ancien propriétaire à le revendre mais je ne pense pas que ce soit lié à la qualité du texte. Après l’avoir lu, j’ai dû encore attendre longtemps avant de m’atteler à la rédaction de ce billet tant la claque je j’avais reçu lors de la lecture des âmes grises était grande. ...

30 août 2010 ·  Noir  ♥