Voici le premier roman de Frédéric Beigbeder. On peut dire sans trop se tromper qu’il s’agit d’une autofiction. Ce monsieur Marronnier ressemble furieusement à notre écrivain. D’abord sur le plan physique: “À vrai dire, ce menton très proéminent ne possède aucune utilité.” Mais aussi sur le plan social et moral. Le personnage est un jeune homme aisé de bonne famille qui passe son temps à sortir et en tire quelques profits en rédigeant des chroniques mondaines : “Mon élitisme restait l’éthylisme.” Ce livre raconte cette vie faite de fêtes, de copains (les ricaneurs pantalonnés ou les hooligans cravatés) et enfin d’amour.

Si vous aimez Frédéric Beigbeder, vous aimerez très certainement ce livre. Son intelligence, sa culture et son sens de la formule font merveille même s’il alterne le pire:“Quoi qu’il en fût, Victoire sonnait ma défaite.” et le meilleur: “À quoi reconnaît-on un bon restaurant ? Les verres à vin y sont plus grands que les verres à eau.”

La théorie de la fessée et de la littérature ou du choix du meilleur livre pour administrer une bonne fessée est un pur bijou. Après avoir testé plusieurs auteurs et plusieurs formats, il arrête son choix sur les éditions Actes Sud.

D’où le mérite incontestable des Éditions Actes Sud, dont le format étroit facilite la prise en main et le fessage à plat, spectaculaire sans être trop cruel.

Je partage son avis sur la qualité de ces ouvrages même si l’usage que j’en faisais jusqu’à présent est un peu différent.

J’aime beaucoup Frédéric Beigbeder – je ne manque jamais ses chroniques dans le magasine Lire – et je suis donc client de ce type d’ouvrage. Sans être un chef-d’oeuvre, c’est un roman agréable et drôle où l’on sent poindre les prémices d’un grand talent. En véritable dandy, il a l’élégance de faire court puisque son livre tient en moins de 200 pages – c’est un peu léger pour une fessée.

P.-S.

En lisant un article je suis tombé sur le titre d’un livre de Simone de Beauvoir : Mémoires d’une jeune fille rangée. Rien d’exceptionnel me direz-vous. Non vraiment. Sauf que j’étais passé à côté de la référence – le naïf.

Ce n’est pas la première fois que Frédéric Beigbeder se prête à ce petit jeu, puisqu’il a certainement fait la même chose par la suite avec Emmanuel Carrère en intitulant son autobiographie romancée Un roman français. Il faudra que je vérifie s’il s’est livré à ce petit jeu pour ses autres livres.


Frédéric Beigbeder, Mémoires d’un jeune homme dérangé, La Table ronde, 2001, Amazon.