Le Cinquième Beatles

Je dois définir un axiome important dès le départ. Je ne connais rien aux Beatles – enfin si, je connais ce que toute personne n’ayant pas vécu loin de la civilisation depuis les années 60 doit décemment connaître. On peut déduire de ce premier axiome deux affirmations 1/ je ne serai pas à même de juger du fond, disons de la véracité des faits et je suis donc obligé de faire une confiance aveugle au scénariste 2/ je vais forcément apprendre plein de choses et ça c’est plutôt une bonne nouvelle. ...

24 janv. 2014 ·  BD

Alice

C’est en consultant le dossier de presse que j’ai appris que Lewis Carroll avait écrit lui-même une version abrégée destinée aux jeunes enfants de son célèbre livre pour petits et grands Les Aventures d’Alice au pays des merveilles. Vous l’aurez compris, c’est la trame de cette version, publiée 25 ans après l’oeuvre originale, qui est reprise et mise en lumière ici. L’imagination débordante du mathématicien ne pouvait pas être mieux illustrée que par ce livre qui déborde d’astuces et de surprises. Gageons qu’il aurait été conquis par cette adaptation colorée et animée. Ce livre est un savant mélange de plusieurs genres ludiques pour enfants au premier rang desquels le pop-up. Le pop-up désigne des éléments qui se dressent en volumes, qui sortent littéralement du livre – je vous laisse découvrir le majestueux château de carte. Il est également un livre animé dans lequel on actionne des mécanismes par le biais de tirettes. Le facétieux chat du Cheshire – essayez un peu de lire ce début de phrase à haute voix – est encore plus convaincant que dans le dessin animé de Walt Disney. D’autres pages se déploient pour créer un tableau géant — vous vous souvenez, Alice change de taille. Enfin, on y trouve aussi des volets à soulever (lift—the—flap). Les enfants vont pouvoir aider la pauvre Alice à ouvrir toutes les portes pour trouver la sortie de la salle au fond du trou. Bref, pour un livre animé, c’est un livre animé et même un très beau livre, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. ...

Iron , Ou la guerre d'après

Dès les premières pages le lecteur est plongé dans une ambiance. Un mélange à la fois sombre et froid assez intriguant, mais très marqué. Ce n’est pas seulement la couleur qui est à l’origine de cette réussite. La mise en page innovante, la circonspection dans les dialogues et le découpage y sont aussi pour beaucoup. L’ensemble fonctionne très bien et l’immersion est totale. Depuis La Fontaine – et peut-être avant – les animaux ont été utilisés par les hommes pour dénoncer les travers de leurs semblables. Ici ce ne sont pas des animaux mais des êtres anthropomorphes qui sont mis en scène. Ils sont les acteurs d’une guerre civile et de ce que l’on pourrait qualifier soit de résistance ou de terrorisme selon le côté où l’on se trouve – on va donc dire résistance. Ces éléments d’ordre politique viendront, comme toujours, impacter des relations familiales et amicales. ...

24 août 2013 ·  BD

Elric T1

Il y a tellement de choses à dire que je ne sais pas par où commencer. Peut-être par le commencement. Lorsque j’ai découvert ce livre sa couverture sombre a fait ressurgir dans ma mémoire des souvenirs de lecture de l’un de ses nobles prédécesseurs dans la belle collection “Grafica” de la maison Glénat : Le Troisième Testament1. Et tout de suite après, j’ai pensé à l’intégrale d’Elric2, parue chez Omnibus, qui prends la poussière depuis quelques années dans ma bibliothèque – à ce propos, pour accompagner la sortie de la bande dessinée, les éditions Pocket rééditent le cycle d’Elric en trois intégrales 3. J’allais donc joindre l’utile à l’agréable en découvrant cet univers qui me tends les bras depuis trop longtemps par la belle porte d’entrée que constitue cette BD. Pour les amateurs de fantasy, c’est une lapalissade que de dire que le personnage d’Elric existe depuis bien longtemps (1945) sous la plume de l’un des plus grands auteurs du genre : Michael Moorcock. Il a créé son héros comme un anti Conan le Barbare. Né albinos et malade, Elric est également tourmenté moralement. On imagine alors très bien comment des générations d’adolescents – ce n’est pas péjoratif – férus de fantasy ont pu s’identifier à ce héros torturé. ...

2 juin 2013 ·  BD

Mon coffret pour devenir grand

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un coffret qui ressemble un peu, par sa taille et sa forme, à une jaquette de VHS – ceux qui ont connu la préhistoire des vidéos sauront de quoi je parle. Le coffret est cartonné – et donc plus solide qu’une jaquette de VHS. Il est très beau avec ce dessin du grand panda que l’on regrette de ne pas retrouver dans l’un des livres. Quatre ronds collés sur le bas du coffret figurent les pattes du panda et lui donne ainsi une touche d’originalité. Bien évidemment, la première chose qui est venue à l’idée de ma fille et de tirer sur ces ronds pour tenter de les arracher. Et – j’ose à peine le dire – elle est vite arrivée à ses fins. ...

De bons présages

Je n’ai malheureusement pas accroché – je ne suis pas arrivé au bout du livre. J’ai pourtant beaucoup aimé la série Les Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett qui est au moins aussi loufoque et déjantée. De bons présages est un livre écrit à quatre mains, les deux autres appartenant à son compatriote Neil Gaiman qui est lui aussi un célébrissime auteur, mais également un très grand scénariste de bande dessinée. J’ai adoré son formidable travail sur la BD Sandman1, mais j’ai eu plus de mal avec son roman pourtant largement célébré American Gods2. ...

Mon hippopotame

Cette fois, c’est ma fille qui s’en charge. Je peux vous confirmer qu’elle est très qualifiée pour ce travail car elle possède depuis son plus jeune âge un doudou Hippopotame. Il – enfin dans les faits il sont trois, l’officiel et ses doublures mais chut, il ne faut pas le dire – est très originalement prénommé Hippo. Elle l’adore et ne le quitte pas. A ce titre, elle est certainement l’une des personnes ayant passé le plus de temps en compagnie d’un Hippopotame – je compte les nuits évidemment. Côté Hippo, elle s’y connait et côté livres aussi puisqu’elle en découvre quelques-uns et apprécie tout particulièrement – mis à part le fait de mordre et de tordre les pages – de les lire le soir après son repas. Par contre, côté écriture elle ne remplit pas les conditions requises pour ce poste puisqu’elle ne parle pas encore. Je vais donc lui servir d’interprète et retranscrire de la manière la plus fidèle possible ses impressions. ...

Même les truites ont du vague à l'âme

Les titres des romans sont parfois originaux et n’ont rien à voir avec le sujet. Réjouissez-vous – ou pas – car ce livre traite bien de la pêche et de la philosophie qui l’accompagne – contrairement à Brève histoire de la pèche à la mouche déjà chroniqué dans le cadre d’un Masse Critique. Ca tombe bien, je n’y connais rien. Par contre, j’ai toujours aimé écouter les gens parler – les gens intéressants, évidemment. Dans cette catégorie, mes préférés sont les passionnés. Ils sont capables de parler des heures d’un sujet qui est pour d’autres insignifiant voire inexistant. Ils peuvent parcourir des kilomètres, sacrifier un week-end, affronter les pires intempéries pour assouvir leur besoin – et s’éloigner de leur femme. Ils sont extrêmement précis et vous ouvrent un monde là où vous ne voyiez auparavant que le néant. C’est le discours d’un passionné de pêche qui porte le titre poétique Même les truites ont du vague à l’âme. Ce n’est pas très glamour comme passe-temps mais attendez un peu de connaître les valeurs qu’elle véhicule pour juger. ...

Chroniques Outremers T1

Ici pas de mise en place, on entre tout de suite dans le vif du sujet. Un abordage en plein mer. Le décor, la Méditerranée. L’époque, la première guerre mondiale. La cible, une cargaison de fusils. Les protagonistes, on ne sait pas trop. Tout ce que l’on peut dire c’est qu’il y a des turcs, des anglais et des mexicains dans l’affaire. Plutôt étrange non ? Le trafic en pleine mer pas vraiment, car ils étaient légion pendant la Grande Guerre. Mais que font les mexicains si loin de leur terre ? ...

29 juin 2011 ·  BD

Curiosity shop T1

Curiosity shop est aussi le titre d’un roman de Charles Dickens – pour être exact The Old Curiosity Shop qui a été traduit en français par Le Magasin d’antiquités. Le romancier s’était inspiré de la boutique éponyme qui existe toujours à Londres mais qui est devenue depuis un magasin de chaussures. Le livre de Dickens raconte l’histoire d’une jeune orpheline vivant en compagnie de son grand-père dans le fameux magasin. Voilà déjà quelques similitudes avec notre BD. La jeune héroïne de cette série est depuis son plus jeune âge une fervente lectrice de Dickens au grand dam de son père, un ingénieur extrêmement cultivé, qui préférerait qu’elle lise du Platon. Alors qu’elle s’apprête à rentrer chez elle après un long séjour en pension, elle apprend avec effroi qu’il vient de mourir. Sans sa mère, partie depuis longtemps, elle se retrouve orpheline. De retour chez elle pour assister à l’enterrement, certains détails et indices lui mettent la puce à l’oreille, son père n’est peut-être pas mort. C’est peut-être une mise en scène qu’il a orchestré pour se mettre à l’abri d’un danger lié à son travail et à ses recherches. Ou est-ce simplement les divagations d’une jeune fille à l’esprit un peu trop romanesque ? En tout cas, elle est bien résolue à suivre cette piste et se lance à corps perdu dans l’aventure. ...

20 juin 2011 ·  BD

Touriste

Pour quelqu’un de très casanier comme moi, lire un livre portant le titre Touriste est déjà une aventure. C’est un livre qui porte bien son nom et s’apparente à un carnet de voyage. Au moyen d’un chapitre par pays, Julien Blanc-Gras nous ballade autour du globe. Son narrateur nous régale d’anecdotes croustillantes bien servies par une prose rafraîchissante. Les plus attentifs d’entre vous auront peut-être remarqué une incohérence entre le carnet de voyage et le fait que ce soit un narrateur qui nous parle et non l’auteur lui-même. C’est tout simplement que, contrairement aux apparences, c’est bien d’un roman dont je suis en train de vous parler. ...

La solitude du docteur March

Geraldine Brooks a décidé de réutiliser l’univers du roman de Louisa May Alcott, Les Quatre Filles du docteur March. Pour cela, elle a choisi de centrer son histoire, non pas sur les filles, qui vivent seules avec leur mère, mais sur le père de famille le fameux docteur March. Elle souhaite nous raconter ce qui se passe de l’autre côté du roman originel, ce que vit ce père absent. Le roman est construit sur plusieurs plans temporels. Le plan principal raconte la participation de March à la guerre de sécession en tant qu’aumônier militaire. Les évènements qu’il vit sont l’occasion pour lui de revenir sur son passé. ...

Brève histoire de pêche à la mouche

Voici un curieux petit livre, presque une nouvelle. Inclassable, insaisissable, original et troublant. C’est au départ l’histoire assez banale d’une journée de pêche entre amis. Nous sommes donc partis pour suivre ces trois hommes qui exercent le métier de psychiatre. Attention ce qui s’attendent à une promenade bucolique et ont, bien présent en mémoire, le fameux Et au milieu coule une rivière risquent d’être déçus. On est bien loin du charme simple de la journée au bord de l’eau. Très tôt dans le roman une indication est donnée, le temps n’est pas de la partie. Ca commence mal pour une partie de pêche et les les choses vont vite prendre une tournure étrange. Certaines pensées du narrateur vont peu à peu s’insinuer dans le récit, se matérialiser et venir se mêler à la réalité. Ceci m’a rappelé les “eidesis” de La caverne des idées. Il n’y a donc aucune frontière entre ce qui se passe dans la réalité et dans la tête du narrateur. Il raconte les choses comme il les perçoit sans distinction entre ce qui est réel et imaginaire. Ce n’est pas anodin car il peut parfois se passer des choses assez bizarres voire inquiétantes dans la tête des gens. Ici, cette autre face du miroir est exposée au grand jour, mêlée à la réalité afin de mettre en exergue le décalage parfois effrayant entre nos pensées et le monde qui nous entoure. C’est la rencontre fortuite avec la jeune fille du restaurant qui va être le déclencheur de ces visions – Ah ! les femmes. ...

1 An - 365

J’adore les crossovers. Dans le cas de ce recueil, c’est l’occasion pour les amateurs de BD de s’arrêter sur le travail colossal des dessinateurs. Parfois, et même si je m’astreins à ne pas le faire, je me surprends à tourner rapidement les pages afin de connaître la suite de l’histoire sans avoir pris le temps de m’arrêter et d’observer le travail des dessinateurs. Ici, un paysage, là un gros plan d’un visage à l’expression exacerbée, un peu plus loin, un cadrage audacieux faisant ressortir d’admirables perspectives. Si on ne remarque pas toutes ces choses au premier abord, c’est normal et c’est bon signe. Le dessins, les cadrages et toutes les techniques narratives liées aux images sont avant tout là pour servir l’histoire. Si on ne les remarque pas mais que l’on est pris par l’histoire, le pari est gagné. Proposer un recueil sans histoire libère le dessin de ses contraintes narrative, laisse au dessinateur tout le loisir de s’exprimer et de présenter son travail. C’est aussi l’occasion pour les autres - ceux qui ne connaissent pas bien l’univers de la BD – d’entrer par cette porte dans ce monde riche et varié. Ils découvriront peut-être, grâce à ce type d’ouvrage la fabuleuse diversité des genres et des techniques proposés aujourd’hui dans la bande dessinée. ...

Le moustiquaire de Berlin

L’album dont je vous parle est le lauréat de la deuxième édition du concours de bande dessinée Glénat / Arte. Ce concours prône l’ouverture et se tourne résolument vers l’avenir car il est européen et n’est ouvert qu’à des auteurs n’ayant jamais publié. J’avais lu, à sa sortie, la bande dessinée des premiers lauréats polonais de ce concours (Essence par par Gawronkiewicz et Janusz) et en avait apprécié l’originalité et la fraîcheur. C’est donc plein d’enthousiasme que j’ai abordé la lecture du travail des nouveaux lauréats, qui sont, cette année, des français. Premier constat, on ne rompt pas avec les recettes du précédent lauréat: une histoire complète en un seul volume, un dessin sympathique, une couverture bleue (je plaisante mais c’est vrai) mais surtout un scénario hors du commun. Qui n’a jamais rêvé de l’extermination pure et simple de ces satanés moustiques. Je parle bien de ces insectes qui semblent n’avoir d’autres buts que nous persécuter allant même jusqu’à nous attaquer lâchement pendant notre sommeil. Nous avons pourtant tout essayé: insecticides, citronnelle, répulsifs odorants, sonores, … Sans penser, comme les assaillants de naguère, à polluer la source de leur alimentation, c’est à dire notre propre sang. Car c’est bien l’extinction qui guette nos héros à trompe s’ils ne peuvent plus s’alimenter en sang de qualité. En effet le sang de la plupart des humains est devenu, malgré eux et involontairement, impropre à la consommation. Mais quelle est la cause de cette affection qui frappe les hommes et indirectement les moustiques. Cette maladie n’est ni génétique, ni d’origine virale, ni due à la pollution mais elle liée à la crise ! ...

2 mars 2008 ·  BD