Lorsqu’un très grand scénariste BD rencontre un dessinateur talentueux, le résultat est forcément à la hauteur. Il l’est d’autant plus lorsque le projet est ambitieux. Il consiste à se projeter en 1602 à l’époque où les premiers colons s’installèrent sur le sol américain. Même si c’est un élément important, le coeur de l’histoire ne se trouve pas là mais de l’autre côté de l’Atlantique, en plein coeur du centre névralgique du monde d’alors : L’Angleterre. Le pays est en proie à des phénomènes météorologiques inquiétants qui alourdissent un climat déjà tendu par d’âpres luttes de pouvoir. Il se pourrait même que le trésor des templiers joue un rôle dans cette histoire.

Oui bon, il est vrai que des histoires comme celle-ci, il en existe des tonnes. C’est lorsque l’on s’intéresse au casting qu’elle prend toute sa dimension: Nick Fury, Peter Parker (Spider-Man), Stephen Strange, Captain America, Matthew Murdoch (Daredevil), le Professeur Xavier et ses X-Men, le Docteur Fatalis, la Veuve Noire, Magnéto et ses enfants (Vif-Argent et la Sorcière Rouge), les Quatre Fantastiques et Thor – j’espère n’avoir oublié personne, je ne voudrais pas froisser tout ce beau monde.

Neil Gaiman n’est pas le premier venu, sa connaissance des comics et des mythes lui a permis de tirer partie de la richesse des personnages et de leur univers pour l’exploiter à merveille dans le monde de 1602. Ainsi nous retrouverons le combat entre les hommes et les mutants – c’est l’un des thèmes récurrents de l’univers Marvel – matérialisé ici par la sainte inquisition et cristallisée par la rivalité entre Xavier et Magnéto. Ne vous inquiétez pas il y a aussi de l’action et du suspense mais il est vrai que c’est la virtuosité du scénario qui frappe le plus.

Les dessins sont vraiment magnifiques et le dessinateur a un souci du détail hallucinant, une finesse dans le trait, bref du travail de très grande qualité dans un style mainstream de très haute volée. Le seul choix surprenant concerne la mise en couleur qui use et abuse d’un effet de balayage – je ne sais pas comment le caractériser autrement. Il produit un effet original mais, à mon avis, les dessins n’avaient pas besoin de cet artifice qui a plutôt tendance à les desservir.

Si je vous conseille sans la moindre hésitation la série originale (maxi série) de Neil Gaiman, je n’ai pas le même avis sur la suite que j’ai trouvé une classe en dessous – il faut dire que le binôme scénariste / dessinateur n’est plus le même.


Andy Kubert, Richard Isanove et Neil Gaiman, Marvel 1602, Panini Comics, 2007, 264 p, Amazon.