Je n’aurais pas lu un livre sur Friedrich Nietzsche, il est comme un mythe qui semble inabordable. La curiosité, la popularité de Michel Onfray et la couverture médiatique dont a bénéficié ce livre m’ont amené à emprunter Nietzsche: se créer liberté à la bibliothèque. Démystifier sans tomber dans la vulgarisation, rendre ces éléments (pensée et biographie) accessibles au plus grand nombre. Décidément, la bande dessinée est encore bien mal considérée eu égard à son apport.

Michel Onfray et Maximilien Le Roy ont réalisé un travail remarquable en ouvrant bien grande la porte d’entrée vers l’univers de Nietzsche. Ce n’est pas la première initiative dans le domaine de la philosophie en bande dessinée (Encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies pour n’en citer qu’une) ou dans celui des “biobds” (Feynman est un bon exemple), mais celle-ci est très réussie. Pour quelles raisons ?

La première est indéniablement liée à sa dimension artistique. Les dessins sont à la hauteur du sujet – et ne sont pas là que pour illustrer du texte. Ce sont des peintures et certaines scènes sont magnifiques à commencer par celle illustrant la couverture. Au delà de l’aspect purement artistique, ils apportent un plus indéniable lorsqu’il s’agit, comme ici, de décrire des éléments abstraits: pensées, psychologie ou philosophie. Ces éléments complexes sont plus faciles à représenter par des dessins. Pensez au tableau Le Cri d’Edvard Munch. Comment faire passer par des mots ce que l’on ressent en l’observant ?

La seconde est dans le propos. Je ne suis pas à même de juger le fond car je ne connaissais pas Nietzsche – à part ses moustaches –, je laisse donc ça aux spécialistes. Je peux par contre dire que j’ai perçu très fortement, au travers de ce livre, quelque chose de cet homme, de sa pensée et de sa vie.

Que peux-tu apprendre du christianisme, […] de cette religion qui fait vertu des vices du renoncement au corps, à la chair, au plaisir de la vie ?

La plus importante est à chercher dans l’osmose entre le fond et la forme. Le fond nourrit la forme et vice-versa, c’est surement ici que réside sa plus grande force, dans ce mariage parfait.


Maximilien Le Roy et Michel Onfray, Nietzsche: se créer liberté, Le Lombard, 2010, 128 p, Amazon.