The goal est un classique parmi les livres dédiés à l’optimisation de la production industrielle datant de l’époque où les termes gestion de production et recherche opérationnelles étaient encore largement employés, les années 80. Il date d’avant l’avènement du lean popularisé par Toyota. Avant de revenir au fond parlons de la forme car elle reste encore originale plus de 30 ans après. Il s’agit d’un genre particulier portant le doux nom de business novel, c’est à dire d’une oeuvre de fiction traitant d’un sujet technique dans le but d’en illustrer les principes – de les vulgariser diront les aigris. Et il est intéressant de constater que cette forme est plus que jamais d’actualité puisque le best seller du moment dans le domaine de l’IT, The Phoenix Project a adopté exactement la même forme. Je crois d’ailleurs que la filiation entre ces deux oeuvres est pleinement assumée. Dans le premier, le patron d’une usine doit la sauver de la fermeture, dans le second un homme est parachuté à la tête de l’IT et doit sauver son entreprise – rien que ça. J’ai franchi un pas de plus puisque je n’ai pas lu le roman, mais son adaptation en bande dessinée. C’est donc un business graphic novel – ce qui est encore plus rare.

Rien à dire du côté artistique, c’est bien une BD, mais des plus basiques, rien à voir et rien à dire de ce côté-là. Passons au fond maintenant. Ce livre est une introduction à la théorie des contraintes – c’est d’ailleurs le sous-titre du livre. Quel est le principe ? Le titre ultra simple, ultra clair, illustre ce qui est essentiel, the goal. Il faut se demander tout d’abord quel est le but et il y en a qu’un. Il y a des techniques pour le déterminer comme la règle des 5 pourquois. En faisant l’exercice dans le cadre d’une usine on arrive rapidement à la conclusion que l’objectif est de faire de l’argent, making money. Ensuite il faut modéliser le système et identifier où sont les contraintes, le fameux goulot d’étranglement (bottleneck) qui limite le débit (throughput). C’est tout bête, ça paraît évident, presque une lapalissade, mais on a parfois tendance à l’oublier. Il faut d’abord tout mettre en oeuvre pour que la partie la plus contrainte soit exploitée au maximum puis travailler pour libérer cette contrainte. Pour illustrer ce principe il utilise des exemples très basiques comme une file d’enfants qui n’avancent pas tous au même rythme. La file n’avancera jamais plus vite que l’enfant le plus lent du groupe. C’est exactement le même principe qui est repris et mis en avant dans le livre Release It! consacré à l’informatique. Pour améliorer la capacité il faut travailler sur ce qui est le plus contraint (on peut augmenter la mémoire d’un serveur, mais ça n’améliorera pas les choses si c’est l’écriture disque qui limite la performance). Le reste n’a pas d’effet.

Improving the nonconstraint metrics will not improve capacity.


Dwight Jon Zimmerman, Eliyahu M Goldratt, Dean Motter & Howard Zimmerman, The goal: a business graphic novel, North River Press, 2017, 129 p, Amazon.