Le Louvre et la bande dessinée, c’est une longue histoire. Il doit exister une douzaine d’ouvrages co-édités par le célèbre musée et la très belle maison d’édition Futuropolis. Le but du jeu est d’inspirer les auteurs en leur imposant la contrainte du Louvre – en même il y a pire / plus restrictif comme contrainte. Les contraintes engendrent souvent des résultats inattendus et c’est le cas ici – pas pour les raisons que l’on croit. Davodeau, en véritable artisan qui travaille souvent en immersion – un peu à la manière d’un reporter – et qui aime par dessus tout dépeindre les gens, a relevé le défi avec plus ou moins de réussite.

L’idée de centrer l’histoire sur un gardien est excellente. En visitant un musé on est obligé de se poser la question, de se demander ce qu’ils peuvent bien faire toute la journée à part surveiller les gens – et regarder leur montre. Ils observent les oeuvres et le petit manège des visiteurs. Malheureusement, il n’est pas resté centré sur cette idée, mais en a exploité une autre. Celle de la rencontre entre l’art et les milieux populaires – on entre sur son terrain de prédilection et on sort du mien.

Cette idée est introduite par la compagne du gardien et par sa famille qui sont tous, elle incluse, plus détestables les uns que les autres – sauf le grand-père peut-être. Je trouve qu’il y avait mieux à faire en exploitant par exemple le mano à mano entre le gardien et l’érudit. Je ne sais pas si c’est cette famille des plus énervante ou le rocambolesque du scénario – et je pèse mes mots –, mais le fait est que le résultat est très décevant. Décevant à double titre puisque premièrement Davodeau est un auteur dont j’apprécie les ouvrages cf. par exemple Les Ignorants, et deuxièmement car j’avais lu précédemment un très bon – devrais-je dire un excellent – titre de cette collection dédiée au Louvre: Les Sous-sols du Révolu1.


Étienne Davodeau, Le Chien qui louche, Futuropolis, 2013.


  1. Marc-Antoine Mathieu, Les Sous-sols du Révolu, Futuropolis, 2006, 62 p. ↩︎