Période glaciaire

Je pense que ce Période Glaciaire a inauguré la collection le Louvre et la bande dessinée dont j’ai parlé dans le cadre d’un album réalisé par Etienne Davodeau, Le chien qui louche. C’est une BD que j’ai souvent croisée dans les rayonnages des bibliothèques, feuilletée et reposée certainement rebuté par les dessins. Il est vrai que ces dessins tremblotants aux couleurs pâles n’invitent pas forcément à se plonger dans le livre. Il faut du temps pour s’y habituer et entrer dans l’histoire qui se passe dans un lointain futur lors – devinez quoi – d’une période glaciaire. Ce n’est pas vraiment dans l’air du temps du réchauffement climatique, mais disons qu’après la submersion du continent on peut tout à fait imaginer qu’une période glaciaire ferait ressembler la France au Groenland. Voilà, le décor est posé et des explorateurs sont à la recherche de vestiges enfouis et devinez sur quoi ils vont tomber. ...

2 avr. 2021 ·  BD

Delacroix

J’aurai plaisir à vous parler de Delacroix, à faire revivre devant vous cette puissante personnalité, à rendre le mouvement de ce peintre étrange, plein de défauts impossibles à défendre, plein de qualités impossibles à contester, qui sauta par-dessus le talent pour arriver au génie, et pour lequel, amis ou ennemis, admirateurs ou détracteurs, peuvent s’égorger en toute conscience, car tous auront raison, ceux-ci d’aimer, ceux-là de haïr. Il faut préciser d’emblée que cette oeuvre est le fruit d’une collaboration entre deux artistes à plus d’un siècle d’intervalle (1864 - 2019). Le texte est signé Alexandre Dumas et l’adaptation et les dessins sont réalisés par Catherine Meurisse. Et c’est l’incroyable modernité du texte – ou de l’ensemble, nous y reviendrons – qui frappe en premier. La plume de Dumas est exquise. Cet hommage qu’il rend à son ami Eugène Delacroix est frappé par la grâce. Loin d’être une hagiographie, ce court texte est construit, comme il le dit lui-même, comme une suite d’anecdotes. ...

19 févr. 2021 ·  BD  ♥

Le chien qui louche

Le Louvre et la bande dessinée, c’est une longue histoire. Il doit exister une douzaine d’ouvrages co-édités par le célèbre musée et la très belle maison d’édition Futuropolis. Le but du jeu est d’inspirer les auteurs en leur imposant la contrainte du Louvre – en même il y a pire / plus restrictif comme contrainte. Les contraintes engendrent souvent des résultats inattendus et c’est le cas ici – pas pour les raisons que l’on croit. Davodeau, en véritable artisan qui travaille souvent en immersion – un peu à la manière d’un reporter – et qui aime par dessus tout dépeindre les gens, a relevé le défi avec plus ou moins de réussite. ...

13 déc. 2020 ·  BD

Le Meurtre du Commandeur T2

J’avais cru, après la lecture du premier tome, que l’histoire allait prendre de l’ampleur dans le second tome, que les éléments patiemment mis en place allaient enfin s’assembler pour créer une histoire belle, profonde et très originale. Mais j’ai l’impression que tout cela n’est jamais arrivé. Il est vrai que la lecture est plaisante, mais tant de pages pour si peu de densité, c’est un peu exagéré. Même si la phrase de Murakami est toujours aussi agréable, ce n’est pas suffisant sur la durée – vu la longueur totale des deux tomes. Je sais que tout n’est pas au premier degré et que certaines choses ne sont qu’évoquées, mais tout de même. Je pense avoir déjà constaté ce défaut dans les livres les plus récents de Murakami comme 1Q84, mais ici c’est le summum. A contrario on ne peut pas reprocher à l’auteur japonais de faire dans le main stream, dans le roman calibré où chaque chapitre se termine par un cliffhanger – on en est loin. ...

L’affaire Arnolfini

Qui ne connait pas la célèbre emission d’Art d’Art ! qui en quelques minutes décortique une oeuvre d’art ? Eh bien ici c’est un peu la même chose en un peu plus de de 5 minutes quand même, disons le temps de lire une grosse centaine de pages. L’oeuvre en question est un tableau de Jan van Eyck peint aux alentours de 1434. Ce tableau dépeignant un homme et une femme, des époux, se tenant la main, debout dans une chambre a été le sujet de nombreuses interprétations. Jean-Philippe Postel nous les présentent et nous livre également son intime conviction sur la signification de ce tableau. ...

Le Meurtre du Commandeur T1

La sortie d’un nouveau Murakami est devenue au fil du temps un événement mondial. L’auteur japonais a acquis une notoriété qui lui aurait certainement valu une reconnaissance par le comité Nobel littérature si celui-ci n’était pas tombé en disgrâce. A une bien moindre échelle, j’ai moi même été victime de cet engouement qui m’a conduit à me procurer à prix d’or (près de 50 €) les deux tomes, dès leur sortie en librairie – alors que je préfère habituellement attendre l’arrivée des livres sur le marché de l’occasion. Alors que faut-il en penser ? Est-ce le chef-d’oeuvre qui couronne son oeuvre ? ...

Le Salon

C’est un conseil de mon libraire que je vous présente à mon tour. Même si je l’écoute toujours religieusement, cette fois, il n’a pas eu besoin d’insister bien longtemps. Sa technique est simple et déjà éprouvée, il m’a simplement mis un exemplaire entre les mains. Après avoir apprécié l’élégant format à l’italienne, identifié méthodiquement – grâce aux indications de la quatrième de couverture – les personnages composant le portrait de famille de la couverture, apprécié la texture et le poids du beau papier et feuilleté quelques pages en admirant le style d’un oeil déjà conquis, je me suis dirigé d’un pas décidé vers la caisse. Il faut dire que la couverture est alléchante, il y a du beau monde: les peintres Georges Braque et Pablo Picasso, le musicien Erik Satie, les écrivains Guillaume Apollinaire et Alice B. Toklas et les amateurs et collectionneurs d’art Gertrude et Leo Stein. ...

6 mai 2012 ·  BD

Chagall en Russie T1

Joann Sfar vient d’entamer une énième nouvelle série. Poursuivant son exploration du judaïsme, il a choisi de s’inspirer du peintre Juif russe du XXe siècle, Marc Chaggal. Ceux qui s’attendent à une biographie vont être déçus car on est bien loin du compte. On peut dire que le dessinateur s’est librement inspiré du peintre et a inventé une histoire bien à lui baignée dans la religion et la tradition juive. Les pérégrinations du jeune marc Chaggal rappelle un peu une autre oeuvre de Sfar: Klezmer1 mais en plus délirant, plus onirique. C’est un hommage au peintre car il a souhaité célébrer son univers en reprenant les thématiques qui lui était chères, ses dessins, ses couleurs, le violoniste du “Fiddler” et certainement bien d’autres références que je ne connais malheureusement pas – et c’est un peu là le problème mais nous y reviendrons. Le personnage de Marc Chaggal avec son grand nez occupant la plus grande partie du visage, ses cheveux roux et ses yeux bleus est très réussi et attachant. ...

25 nov. 2010 ·  BD

Mon nom est Rouge

Le sultan a confié à l’Oncle la réalisation d’un livre sans pareille. Celui-ci fait donc appel aux plus grands maîtres peintres et enlumineurs pour la réalisation de cet ouvrage controversé. Pour ce faire, il prend d’infinies précautions pour commander la réalisation des plus dangereuses des miniatures. Ces dernières sont réalisées par plusieurs peintres sans qu’aucun ne puisse appréhender la scène dans son ensemble. Malgré ces précautions, l’un d’eux, monsieur Délicat, est assassiné par l’un de ces pairs. Le récit se déroule à une époque où l’art Moyen-oriental, initialement influencé par l’Asie commence à se tourner vers l’Occident. A cette époque, les grands maîtres, contrairement à leurs homologues occidentaux, ne signaient pas leurs œuvres. Ils s’attachaient plus à représenter les choses en conformité avec la tradition plutôt qu’à imposer leur propre style. Ici, pas question de perspectives, ou de représentations différenciables des visages, il ne s’agit pas de peindre la réalité telle qu’elle est observée par l’artiste mais telle qu’elle est vue par Dieu. ...