Tout commence par le commencement, la genèse, les théories créationnistes. La religion en prend un bon coup au passage, on ne pouvait pas en attendre moins d’un esprit scientifique comme celui de Marion Montaigne.

Et donc Dieu, après avoir créé tout un univers et la mécanique quantique décide de surveiller de près ce que chaque humain fera de ses organes génitaux.

Ensuite, dans l’ordre chronologique, elle nous explique comment tout ce petit monde s’est mis à douter fortement en pratiquant l’archéologie, qui deviendra la paléontologie, et en découvrant des squelettes qui ne ressemblaient manifestement à rien de connu.

Marion Montaigne a une double compétence qui fait sa particularité elle est à la fois artiste et scientifique – ce qui n’est pas le plus courant vous en conviendrez. Justement ici elle peut utiliser à plein cette double vision en braquant la focale sur un point des plus intéressants qui est la représentation des dinosaures. Comment les hommes ont-ils extrapolés les traits d’un animal à partir de simples squelettes ? Cette aventure a donné lieu à quelques ratés et il n’en fallait pas temps à la dessinatrice pour nous faire rire. Et elle y parvient très bien sans se priver de partir dans tous les sens. De l’autobiographie, Freud, la place des femmes dans le monde scientifique, des éléments très contemporains – et donc parfaitement anachroniques –, on dirait que toutes les associations d’idées sont possibles pour le plus grand plaisir du lecteur. Ce mélange très improbable pourrait tourner au gloubi-boulga [un gros mélange pas très ragoutant], mais ça fonctionne très bien et c’est drôle. Après un Dans la combi de Thomas Pesquet qui a connu un énorme succès populaire, ce nouveau – gros – volume risque fort de se faire une place de choix sous les sapins.


Montaigne, Marion. Nos mondes perdus. Dargaud, 2023.