NeoForest T1

Le conte de fées revisité en mode dystopie dans une déclinaison que je n’avais encore jamais croisé, le néoféodal. Les républiques s’étaient éteintes depuis fort longtemps, les civilisations s’étaient effondrées, et puis après quelques siècles de retour à l’état sauvage, un nouveau monde était né. Les seigneurs qui s’étaient approprié les terres baptisèrent le système par le nom clair et sans appel de néoféodal. NeoForest ou comment transposer du très classique dans un univers très original. Bien que dans ce domaine, Fables reste la référence incontestée, et sans jouer dans la même cour, cette BD réserve quelques bonnes trouvailles comme la diseuse de bonne aventure en mode analyse ADN – et aussi quelques moins bonnes comme les joutes à vélo qui sont assez ridicules il faut bien l’avouer. Ce n’est pas pour rien que les contes de fées ont traversé les époques, ils portent en eux les émotions et les fondations de la tragédie qui font le succès des oeuvres de fiction depuis la nuit des temps. Le fait de les transposer dans un environnement radicalement nouveau leur apporte un vent de fraîcheur. ...

3 nov. 2023 ·  BD

Le grand vide

Le fait de poser les yeux sur cette BD ne laisse pas indifférent. La couverture interpelle, le livre est grand et épais et l’édition signée 2024 de très grande qualité (beau papier, reliure, etc.). Ensuite, en l’ouvrant on est happé par les dessins. De la couleur directe avec une palette de couleur restreinte (du bleu et du rouge), un style inimitable avec des perspectives à tomber, des pleines pages à couper le souffle – je mettrais bien une reproduction de l’immeuble de Mahel dans mon salon –, des effets inédits, tout en conservant un certain minimalisme – le grand écart réussi. La seule comparaison sur ce plan qui me vient à l’esprit est l’immense Asterios Polyp, même si ce n’est pas la même chose, j’avais ressenti un peu la même impression. ...

20 mars 2022 ·  BD  ♥

Soon

Elle [l’humanité] a cru avoir vaincu la faim et la maladie, aboli les distances et dompté la Terre, bref: elle s’est crue invincible. Mais toute chose a son prix, et pendant que certains se gavaient de choses inutiles, d’autres sacrifiant leurs courtes vies à les fabriquer, au péril de leur santé, de leur environnement et de l’ensemble de la vie sur Terre. Je connaissais uniquement Thomas Cadène pour son travail sur le projet – appelons-le comme ça – les autres gens1 qui dans son approche était assez original puisqu’il remettait au gout du jour le format du feuilleton en publiant en ligne une bande dessinée dont il écrivait le scénario alors que différents dessinateurs (plus de 100 au total) se passaient le relais au fil des chapitres. J’avais déjà trouvé le concept et la réalisation intéressante, mais là, avec Soon c’est un gros coup de coeur. Rien à voir il s’agit d’une BD d’anticipation qui colle tellement à l’actualité que ce n’est plus de la science-fiction, mais de la prospective. Elle se projette un tout petit peu, en 2150, pour nous donner une version de ce que pourrait devenir l’humanité à très court terme. Et bizarrement tout converge, le réchauffement climatique, les épidémies, la généralisation des masques et la pollution qu’engendre à leur tour ces nouveaux kleenex, etc. Tout ce que cette BD raconte raisonne très fort et avec beaucoup de pertinence. L’exemple de la bouteille d’eau dans la salle du musée reconstituant la vie au 21ème siècle et encore une fois éloquent – je dis encore une fois car j’avais relevé un exemple similaire dans le livre d’Aurélien Bellanger, L’aménagement du territoire. ...

28 mars 2021 ·  BD  ♥

Ploutocratie

Quand j’ai emprunté cette BD à la bibliothèque, je me suis dit tiens encore une dystopie. Et puis les dessins ne m’ont pas trop attiré. Tout ceci pour dire que je n’étais pas très enthousiaste en commençant cette bande dessinée dont je n’avais jamais entendu parler et dont je ne connaissais pas son auteur, l’espagnol Abraham Martinez. En débutant ma lecture, je ne sais donc pas trop quoi en penser, je vois bien l’idée du scénario inspiré de la dérive actuelle, mais je peine à croire qu’il soit crédible – pourquoi pas après tout, mais je reste quand même sceptique et ça m’empêche d’entrer vraiment dans l’histoire. Quant aux dessins, ils sont vraiment très marqués, très particuliers, très noirs, certains personnages sont volontairement moches. Je sais que c’est un choix délibéré, mais ce n’est pas très agréable – je sais ce n’est pas fait pour l’être – mais ça n’aide pas à apprécier la BD. Dans le genre dystopie récente en BD je trouve que Préférences Systèmes a mis un grand coup y compris sur l’aspect graphique. Puis, des références, dans les dessins et dans le texte, à Ayn Rand et à son livre Atlas Shrugged1 ravivent mon intérêt. ...

25 sept. 2020 ·  BD  ♥

Pest T1

Je croyais cette série abandonnée depuis longtemps, tombée dans l’oubli comme bien d’autres victimes de la surproduction inondant mois après mois le marché de la bande dessinée. Et là, en ce début d’année 2013, surprise, elle renaît de ses cendres avec un second tome sortant près de dix ans après le premier. Possédant depuis quelques années la relique originale, je me suis fait un devoir de la relire afin de savoir s’il était raisonnable de céder aux sirènes de la collectionnite – suspense. ...

20 mars 2013 ·  BD

Permission

Prenez un fond de 19841, ajoutez-y une bonne dose de Fahrenheit 4512, assaisonnez d’une pincée de Kafka, modernisez le tout et vous obtenez Permission. Mon raccourci est un peu facile mais il s’agit bien, comme pour ses illustres prédécesseurs, d’une dystopie. L’histoire se déroule ici au sein d’une entreprise qui officie dans le domaine politique. Elle joue un rôle dans le processus complexe des négociations entre états – nous en savons quelque chose en tant qu’européens.Le protagoniste de cette histoire est chargé d’établir les comptes rendus des débats et des réunions. Il va sans dire que ses écrits se doivent d’être impartiaux et rédigés de façon formelle. L’écriture réside donc au coeur de son activité professionnelle. Il l’utilise également à des fins personnelles puisqu’il rédige également un journal. C’est au travers de ce journal que nous découvrons l’histoire. ...

La nuit des temps

Pour les plus jeunes qui ne connaitraient pas René Barjavel, on peut dire, sans risquer le courroux de leurs fans respectifs, que son univers est un peu similaire à celui de Bernard Werber. La science et la technologie sont souvent très présentes et constituent des éléments forts de l’intrigue. De façon plus marquée que son contemporain, Barjavel réserve souvent dans ses romans une place de choix au thème de l’amour. ...