L'Aliéniste

L’aliéniste emprunte beaucoup à Sherlock Holmes à commencer par la narration qui est prise en charge par un personnage participant à l’enquête qui n’est pas médecin, mais journaliste. L’autre grande source d’inspiration est Jack L’Éventreur, tueur bien réel lui et qui a donné lieu à une abondante littérature au premier rang de laquelle on trouve l’un des chef d’oeuvre d’Alan Moore, From Hell. Ces deux références sont parfaitement assumées puisque l’auteur en fait mention par le truchement de son narrateur. S’ajoute à cela des moyens d’enquête modernes basés sur la psychologie (profilage) et la science (police scientifique). Les évènements se déroulent dans le New York de la fin du 19ème siècle, peu après ceux de Jack L’Éventreur, alors que Théodore Roosevelt est à la tête de la police et l’enquête est confiée à un groupe pluridisciplinaire qui opère en marge des standards de la police. ...

Mars la rouge

Mars la rouge est le premier tome de la trilogie qu’a consacré Kim Stanley Robinson à la colonisation de la planète Mars. Soyons clair, il s’agit d’une référence dans le domaine et peut-être même une référence de la science-fiction tout court. Cette trilogie est en tout cas un pilier de la branche hard science du genre et c’est ce qui frappe en premier lorsque l’on lit ce livre. D’ailleurs, il ressemble plus à un documentaire qu’à un roman de science-fiction. Il me fait un peu penser à ces émissions mi-documentaire, mi-fiction qui passent sur Arte. Le romanesque est réduit à sa portion congrue, quelques personnages, quelques histoires entre eux, mais vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent. Non, l’intérêt du livre est ailleurs, dans la fabuleuse aventure humaine et technologique qu’il se propose de nous raconter. J’allais dire retracer, j’ai tendance à parler comme si ce qu’il nous raconte avait réellement eu lieu tant tout est réaliste, expliqué et argumenté – cette impression de réalité vient aussi peut-être tout simplement du fait que l’heure de cette colonisation se rapproche à grand pas tant les agences spatiales semblent s’y préparer. La capacité de Robinson à maîtriser l’ensemble de ce vaste sujet est impressionnante. Le plus fort est qu’il n’embrasse pas que le domaine scientifique pur, mais s’intéresse également, et entre autres, à la psychologie – j’adore la description des différentes personnalités avec les oppositions labile / stabile et introverti / extraverti –, à l’économie et à la politique. ...

Dune

Dune, le grand oeuvre de Frank Herbert est certainement, avec Hypérion1 et Fondation, l’un des romans les plus connus de la science fiction. Comme il date de 1965, on peut le considérer comme un classique du genre. Et c’est peut-être la première chose qui frappe en lisant ce livre. Il n’a rien d’un classique, il n’est pas du tout daté dans sa forme et même étonnamment d’actualité sur le fond puisqu’il aborde des thèmes aussi contemporains que l’écologie, la géopolitique de l’accès aux ressources et les guerres, dont le djihad – ce sont aussi malheureusement des sujets qui ont tendance à rester d’actualité quelque soit l’époque. ...

L'attrape-coeurs

C’est l’histoire d’un adolescent paumé raconté à la première personne. Cet ado est Holden Caufield, il a 16 ans et vit aux Etats-Unis. L’histoire se déroule à New York sur deux ou trois jours pendant la période de Noël. Les faits sont décrits comme si le jeune homme nous les racontait à l’oral, nous faisant en même temps part de ses sentiments de ses interrogations et de ses doutes; c’est la technique du courant de conscience. Tout ceci semble très simpliste voire complètement décousu pourtant tout est extrêmement bien calculé. Au travers de ce qui semble être des bavardages et des inepties d’adolescents, on découvre la personnalité originale et complexe du jeune homme. Salinger utilise uniquement la voix de son personnage pour le décrire, il ne se met volontairement pas entre sa création et le lecteur ne commente pas, ne souligne rien. Il laisse le lecteur seul face au récit d’un Holden à la sensibilité à fleur de peau. On l’écoute d’abord avec un peu d’agacement, d’impatience et d’incrédulité qui peut même friser la lassitude. Puis, au détour d’une phrase, d’une anecdote on va être immanquablement touché par cette fragilité, par ce gentil garçon qui perd les pédales. ...

La nuit des temps

Pour les plus jeunes qui ne connaitraient pas René Barjavel, on peut dire, sans risquer le courroux de leurs fans respectifs, que son univers est un peu similaire à celui de Bernard Werber. La science et la technologie sont souvent très présentes et constituent des éléments forts de l’intrigue. De façon plus marquée que son contemporain, Barjavel réserve souvent dans ses romans une place de choix au thème de l’amour. ...

Le maître des illusions

Encore une sombre histoire se déroulant sur le campus d’une université qui fait immanquablement penser au livre de Bret Easton Ellis Les lois de l’attraction1. Ce n’est pas un hasard, Donna Tartt et le célèbre romancier se sont connus lorsqu’ils étaient étudiants dans la même université du Vermont. Elle dit d’ailleurs que c’est à cette époque qu’elle a démarré la rédaction de son livre qui a duré près de dix ans. ...

La Huitième couleur

Le Disque-Monde est un monde imaginaire créé par l’auteur britannique Terry Pratchett dans l’univers de la fantasy dont l’humour, la parodie et le burlesque sont les principales caractéristiques. Le nom de disque fait référence à la géographie du monde. Dans ce monde, comme le croyais les anciens, il existe bien un bord du monde et on peut même en tomber! Il existe, à ce jour, entre trente et quarante romans dans cette série – cet univers est également exploité sous d’autres formes: BD, film, jeu vidéo, jeu de rôle, jeu de société. Les annales, qui comportent plus d’une trentaine de tomes, peuvent être classées en fonction des personnages auxquels elles sont consacrées. Le roman dont il est question ici, La Huitième Couleur, est le début du cycle de Rincevent un mage raté, peureux et gaffeur. Voir l’article consacré à la série (et notamment le superbe diagramme) sur Wikipédia pour avoir plus d’infos. ...

La Vague

Ben Ross est professeur d’histoire dans un lycée. A ce titre, il doit enseigner le régime Nazi à ses étudiants. C’est vraiment un sujet qui lui tient à coeur et, pour marquer les esprits, il décide d’illustrer son propos par la projection d’un film composé d’images d’archive des camps de concentration. Le film a l’effet escompté, les étudiants sont sous le choc. Il s’en rend compte et tente de les interroger et là stupeur ! Les images projetées à l’écran sont tellement choquantes que les étudiants n’arrivent pas à comprendre comment des êtres humains ont pu commettre de pareilles atrocités envers d’autres êtres humains. “C’est n’importe quoi, lança-t-il,. Comment pourrait-on massacrer dix millions de gens sans que personne s’en aperçoive ?” ...

Des garçons épatants

Ce roman se déroule dans le milieu universitaire, département littérature. Il aurait pu être écrit par un David Lodge sous cocaïne ou un Bret Easton Ellis sous Valium. Du coup, il est un peu en demi teinte et ne transmet ni le charme et la drôlerie d’un Changement de décor ni le côté complètement déjanté d’un livre comme Les lois de l’attraction. L’histoire est racontée par le personnage principal d’un seul jet sans chapitrage ni pause dans la narration. Cette technique, comme le tournage caméra à l’épaule au cinéma, est utilisée pour donner au lecteur une impression de réalité. Si elle s’avère payante au début, elle finit, comme au cinéma, par donner la nausée. Bref, un bon divertissement sans plus. ...

Le Magasin des Suicidés

L’auteur nous décrit la vie d’une famille de commerçants dont le métier est de vendre des articles permettant aux clients de se suicider. Le magasin propose donc un vaste choix allant de la traditionnelle corde avec nœud coulant au plus élitiste kit de Seppuku (hara-kiri). Malheureusement, cette très bonne idée de départ est mal exploitée, tout dans ce roman est exagéré à tel point qu’il n’est ni crédible ni drôle. L’objectif de créer une fable drôle et décalée à la morale résolument optimiste n’est pas atteint. ...

Le rituel de l'ombre

Tout d’abord, il faut savoir que ce roman a été rédigé par un duo improbable composé d’un maître franc-maçon, Jacques Ravenne (c’est un pseudonyme), et d’un journaliste ayant enquêté sur les dérives liés à l’ordre, Eric Giacometti. Le rituel de l’ombre est le premier opus d’une série mettant en scène le personnage récurrent du commissaire Antoine Marcas. Ce commissaire, comme vous devez vous en douter, est lié de très près à la franc-maçonnerie. Il a été élevé au grade de maître au sein d’une loge. Durant cette aventure, il se retrouve mêlé, bien malgré lui, à une affaire trouvant ses origines durant la deuxième guerre mondiale. Les francs-maçons sont à nouveau menacés par leur ennemi de toujours. Tout au long du roman, les échanges entre Marcas et les autres protagonistes sont prétextes à évoquer l’univers de la franc-maçonnerie. Ils constituent également un habile moyen d’exposer les différents points de vues sur un sujet aussi controversé que celui-ci, et de poser une fois de plus l’inévitable question : Les francs-maçons sont-ils les bienfaiteurs de la société ou au contraire une communauté de nantis se rendant mutuellement des services ? ...

La chambre des officiers

En 1914, Adrien Fournier, jeune ingénieur provincial installé depuis peu à Paris, est mobilisé et part à la guerre. Il en reviendra trop vite, atrocement mutilé, défiguré, sans même avoir combattu. Son quotidien sera désormais celui d’un homme brisé, cloîtré dans une chambre sans miroir réservée à ceux que l’on nomme “les gueules cassées”. Dans cette chambre des officiers, auprès de ses compagnons d’infortune, il lui faudra entamer un long chemin de croix vers la guérison fait de souffrances physiques et surtout morales. Le reflet de soi dans les yeux des autres peut être bien pire que celui renvoyé par un miroir. ...