La Fabrique du monstre

Ce livre sur la ville de Marseille s’articule en deux parties bien distinctes, mais reliées fermement dans un rapport cause / conséquence. La première est consacrée aux quartiers nord de la ville, à la misère et à la délinquance. La deuxième à la politique de la ville pendant l’ère Gaudin / Guérini qui a été catastrophique sur le plan de l’urbanisme et qui a contribué à détourner des fonds publics et / ou à blanchir de l’argent en collaboration avec le grand banditisme et les promoteurs immobiliers – je ne les mets pas dans le même sac. ...

Le secret de la force surhumaine

Ce volume est le troisième opus autobiographique après Fun Home et C’est toi ma maman ? Alison Bechdel a atteint la consécration grâce à cette série et elle revient d’ailleurs sur ce succès ici. Dans ce livre, elle creuse le même sillon, celui de sa vie, mais en braquant la focale sur elle et son étrange passion pour le sport qu’elle pense être liée à sa quête de la force surhumaine. Le livre est découpé en chapitres qui couvrent chaque décennie de son existence, jusqu’à ses soixante ans. Elle revient sur ces périodes de sa vie et s’interroge sur son propre comportement. Le sport est le fil rouge puisqu’il revêt plusieurs sens, il est un marqueur de son état d’esprit du moment. ...

15 août 2024 ·  BD

Un week-end dans le Michigan

Premier livre de la tétralogie qu’a consacré Richard Ford à son héros Frank Bascombe, l’écrivain devenu journaliste sportif – et pas l’inverse. Il date un peu, mais cette série, qui porte le nom de son héros, est considérée comme une pièce maîtresse de l’auteur américain. Ce côté un peu daté ne m’a pas gêné, c’était une autre époque qui a ses codes et ses conventions. Frank n’a pas été épargné par la vie, mais il est parvenu à surnager. Il se satisfait de son métier qui semble être un pis-aller à celui d’écrivain et tente de retrouver l’âme soeur. Au travers des rencontres de son personnage, Richard Ford veut explorer la vie des hommes dans ce pays, à cette époque. Il partage avec son héros une préférence marquée pour la ruralité. ...

Virgin Suicides

Ceux qui comme moi ont vécu il y a vingt ans la sortie de la superbe adaptation de Virgin Suicides réalisée par Sofia Coppola ne peuvent avoir oublié l’esthétique du film portée par une prestation envoutante de Kirsten Dunst dans le rôle de Lux, l’ainée des cinq soeurs Lisbon, et la bande originale Playground Love composée par Air dont le titre éponyme a conservé toute sa beauté et sa mélancolie. Par contre, je ne me souvenais pas des détails de l’intrigue, mais uniquement des grandes lignes – le titre du livre aide un peu. Ayant récemment terminé un recueil de nouvelles très convainquant de Jeffrey Eugenides intitulé des Des raisons de se plaindre, je me suis dit que c’était la bonne occasion pour lire son premier livre et redécouvrir cette histoire. ...

Extrêmement fort et incroyablement près

Extrêmement original et incroyablement émouvant voilà comment résumer ce livre en reprenant les termes préférés d’Oskar. Oskar est un petit garçon surdoué qui a perdu son père lors des attentats du 11 septembre. Ils entretenaient une relation très fusionnelle et très complice et son père lui manque bien sûr beaucoup. Un jour en cherchant dans ses affaires, il casse un vase et découvre une enveloppe au nom de Black contenant une clé. La recherche de la serrure correspondante va être une quête pour Oskar, son absolue priorité, une manière de prolonger la relation avec son père. ...

Je suis vivant et vous êtes morts

Je suis vivant et vous êtes morts est une phrase tirée d’Ubik1, l’une des oeuvres les plus célèbres de Philip K. Dick. Dick étant lui-même l’un des auteurs de SF les plus connus et le premier auteur de ce genre a être publié dans la prestigieuse collection Library of America (un peu l’équivalent de notre pléiade aux Etats-Unis) – dans les deux cas y entrer est une consécration pour un auteur. ...

La Conjecture de Poincaré

J’ai gardé un très agréable souvenir d’une lointaine lecture du livre de Simon Singh Le dernier théorème de Fermat1. Ce souvenir m’est revenu en mémoire lorsque chez mon libraire, en passant devant la section scientifique, j’ai aperçu La Conjecture de Poincaré sur la table des suggestions. Je n’ai pas hésité une seconde et me suis emparé du volume sans même jeter un oeil à la quatrième de couverture. Le nom de Poincaré parle à tout le monde car nous avons en mémoire le patronyme de l’ancien président de la république. La confusion n’est pas si grande car Raymond Poincaré, le président, était le cousin d’Antoine, l’ingénieur et mathématicien, dont il est question dans ce livre. Comme beaucoup de génies il fut très prolifique bien qu’il eut la réputation de prendre des raccourcis. Certaines parties des démonstrations lui paraissaient tellement évidentes qu’il ne prenait pas la peine de les traiter en profondeur. Ce comportement – vous le constaterez en lisant ce livre – lui a parfois joué des tours. ...