Testosterror

Bienvenue à Beauf Land. Tous les attributs du mâle alpha de ce début du XXIème siècle sont là. La bagnole, le barbecue, la salle de sport, les magasins de sport, sans oublier évidemment le sacro-saint apéro – le barbecue restant le dernier bastion de la masculinité. Mais, oh malheur, une épidémie aussi contagieuse que le COVID s’attaque aux attributs viril de ces messieurs, une variante des oreillons qui entraîne un éléphantiasis des parties intimes. ...

9 nov. 2024 ·  BD

Les Liens artificiels

La couverture donne le ton, Narcisse amoureux de son reflet dans un smartphone. Donc un roman sur le metaverse voilà une idée qui n’est pas nouvelle puisque l’on doit son apparition en littérature à Neal Stephenson, mais qui constitue toujours un projet autant prometteur que compliqué à mettre en oeuvre. Le jeune Nathan Devers – c’est un pseudonyme – s’en tire très bien. Ici ce n’est pas dans le science-fiction, mais plutôt de la très légère anticipation, puisque tout ce qui est décrit existe déjà plus ou moins. Si j’osais, je dirais de l’anticipation à la Houellebecq avec son invention du médicament du bonheur dans Sérotonine, ce n’est pas la réalité, mais ce n’est pas très loin non plus. Il s’empare très bien de ce sujet en en saisissant les aspects économiques et sociétal qui ont déjà commencé à faire des ravages en transposant la vie des gens – je veux dire par là ce à quoi ils attachent le plus d’importance – dans le monde numérique. Aujourd’hui, celui des divers réseaux sociaux où ils s’incarnent en d’autres eux-mêmes – une version différente souvent améliorée d’eux-même – et demain dans un univers qui sera plus vaste et dans lequel ils auront le loisir de vivre une autre vie. ...

Sapiens T1

Je parle ici de l’adaptation en bande dessinée du livre éponyme de Yuval Noah Harari, enfin d’une partie puisque ce n’est qu’un premier tome intitulé La naissance de l’humanité. Pour commencer l’adaptation est magistrale. Je n’ai pas lu le livre – c’est pour ça qu’il existe des versions BD –, mais il semble évident que la bande dessinée ne se contente pas d’illustrer l’essai, mais constitue une complète mise en scène du livre construite spécifiquement pour le passage sur ce médium. Et on constate tout de suite le soin apporté à cet aspect, les codes et les possibilités de la bande dessinée sont exploités à fond et souvent très à propos ce qui rend la lecture à la fois agréable et facile à appréhender. Bravo aux auteurs d’avoir réalisé ce projet et d’avoir ainsi rendu accessible cet essai à un plus grand nombre de lecteurs de tous âges. ...

5 sept. 2022 ·  BD  ♥

Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas

Comme l’indique le sous-titre, il s’agit d’un livre de souvenirs. Ceux d’un historien spécialiste de la Rome antique devenu professeur au Collège de France. Très classiquement il raconte son enfance, ses études, s’attarde sur son passage à l’école normale supérieure. A cette époque le communisme n’était pas encore mort – on ne connaissait pas ou on ne voulait pas croire à Staline et ses goulags – et Paul Veyne revient sans ambages sur son passé de communiste. A l’en croire – et il n’y a pas de raison de ne pas le croire puisqu’il fait preuve tout au long du livre d’une extrême franchise – il a adhéré au parti plus pour être dans l’air du temps que par conviction. Il est très lucide et n’hésite pas à être critique envers lui-même. Il est toujours honnête, il ne cache pas les zones d’ombres comme le comportement de son père pendant la guerre. Il est sensible au regard que portent les autres sur lui – peut-être est-ce à cause de sa malformation congénitale à la joue dite Leontiasis ossea – et sait qu’il est toujours passé pour être un original. Il évoque ensuite ses débuts peu convaincants en tant qu’archéologue et sa carrière de professeur. Il est une fois de plus très franc en insistant sur sa fâcheuse tendance à procrastiner quand il s’est agi de rédiger sa thèse et sur son ingratitude vis à vis de ses maîtres. Il ne nourrit pas vraiment de regrets, il sait que c’est comme ça et qu’il ne pouvait pas en être autrement. Enfin ce qui fut pour lui la véritable consécration, sa nomination au Collège de France. ...

Ours blanc a perdu sa culotte

Mais où est-elle passée ? Ne riez pas – ou plutôt si – ce livre est un best-seller, une tuerie, un véritable phénomène chez les moins de 5 ans. Qu’est-ce qui fait son succès ? Voir des animaux affublés de culottes ridicules, certainement. Tourner les pages pour découvrir des effets de découpage, peut-être aussi. Mais voir la tête tour à tour hébétée, tour à tour dépitée d’ours blanc est à mourir de rire. ...

Claus et Simon T1

Claus est un clown et Simon un dinosaure – c’est bien eux que vous apercevez sur la couverture. Ils donnent des spectacles mais la vie est dure pour les artistes, le spectacle vivant ne paie pas vraiment. Cette situation précaire va les pousser à accepter la proposition d’un homme d’affaire – généralement, c’est le début des ennuis. Son domaine c’est le spectacle d’évasion. Dans le monde futuriste qui sert de cadre à cette BD, l’art d’Houdini a été popularisé à un tel point que les participants sont considérés comme des demi-dieux, ce sont les nouveaux gladiateurs. Ils s’affrontent lors d’exhibitions toujours plus extravagantes, spectaculaires et bien sûr dangereuses. Qui dit popularité dit argent et qui dit argent dit mafia. ...

26 févr. 2012 ·  BD

Une forme de vie

Dans l’armée, le taux d’obésité a doublé depuis 2003, selon des études du Pentagone. – LCI C’est peut-être en tombant stupéfaite devant ce type de phrase que l’idée de son nouveau livre a germé dans l’esprit d’Amélie Nothomb. Cette affirmation est surprenante pour tout un chacun - les militaires véhiculent une image de muscles et de rigidité bien loin de l’obésité - mais elle doit l’être encore plus pour la romancière belge qui a un passé commun avec les problèmes de poids. D’abord l’anorexie dont elle a été victime racontée dans Biographie de la faim puis l’obésité évoquée au travers du personnage de Prétextat Tach dans Hygiène de l’assassin. Pour traiter ce sujet elle a choisi le genre épistolaire. Elle imagine donc un dialogue, par courrier interposé, entre un soldat Américain mobilisé en Irak et elle même. Si les situations et les dialogues sont complètements fictifs, les positions et les réflexions d’Amélie Nothomb, semblent bien réelles. C’est donc d’une autofiction qu’il s’agit. C’est un genre intéressant dans lequel l’auteur peut évaluer ses propres réactions face à un univers et des situations fictives, les exemples récents d’autofiction qui me viennent à l’esprit sont le très bon Trois jours chez ma mère de François Weyergans et le moins bon Lunar Park de Bret Easton Ellis. ...

Le voyage d'hiver

Se délecter de la médiocrité d’autrui reste le comble de la médiocrité. Voici une des phrases tirée du Voyage d’hiver, la cuvée 2009 d’Amélie Nothomb. La romancière belge n’est pas médiocre, loin s’en faut et je ne me réjouis pas non plus que ce livre ne fasse, selon moi, pas partie de ses meilleurs ouvrages. Classé dans la catégorie des romans non autobiographique, je le situerais entre Journal d’Hirondelle et Le fait du prince, bien loin des géniaux Hygiène de l’assassin, Cosmétique de l’ennemi et Mercure. Comme toujours chez elle, il y a des prénoms bizarres, un phrasé parfaitement maîtrisé, de très bonnes idées, une intrigue originale et un tout se déroulant dans un mouchoir de poche. On est loin de la débauche de personnages et de décors que l’on peut trouver chez certains auteurs. ...

La part de l'autre

Comment imaginer que même le pire tyran aurait pu être un autre ? Emettre l’hypothèse que l’Homme n’est pas intrinsèquement mauvais, que c’est la vie qui le transforme. C’est le pari risqué que tente ici Eric-Emmanuel Schmitt en s’attaquant au chef de file des nazis. Pour démontrer sa thèse, il utilise un genre particulier d’uchronie. Dans ce roman, la séparation entre les deux Histoires a lieu au cours du récit. Afin de mettre en perspective les deux univers résultants – la réalité historique et la fiction –, l’auteur nous propose de suivre en parallèle le parcours d’Adolphe et d’Hitler. De ce fait, tout en revivant les horribles évènements de l’Histoire aux côtés d’Hitler, nous observons les choix de son double fictionnel Adolphe. ...

Ni d'Eve ni d'Adam

Comme Métaphysique des tubes, Biographie de la faim et Stupeur et tremblements, ce livre est un récit autobiographique ou une autofiction se déroulant au Japon. Amélie a, au moment du récit, 21 ans et nous raconte son bonheur d’étudiante vécu juste avant l’horreur du monde de l’entreprise relatée dans Stupeur et tremblements. Son bonheur, c’est le Japon personnifié par un beau et riche jeune homme prénommé Rinri. Au travers de cette relation, la jeune Amélie nous raconte, avec beaucoup d’humour, ce pays si différent du sien. On va donc, tout au long du livre déguster avec délice de nombreuses anecdotes plus drôles, étonnantes et instructives les unes que les autres. Avec Amélie Nothomb, même de banales piqûres de moustiques prennent une autre dimension, je vous laisse imaginer ce que donne une balade en forêt… ...