Le passage de la nuit

Comme le laisse penser le titre, le roman se déroule le temps d’une nuit. Cette nuit a lieu à Tokyo et débute de façon magistrale par une scène qui a lieu dans un restaurant Denny’s. Le style de narration et le point de vue du narrateur sont inhabituels chez Haruki Murakami. Il utilise un registre cinématographique à tel point que l’on a la sensation de visualiser la scène sur un écran. Plusieurs personnages se croisent, mais les deux personnages principaux sont une jeune fille, Mari, et un jeune garçon, Takahashi, qui vont se tourner autour au cours de cette nuit. ...

Underground

Haruki Murakami n’écrit pas que de la fiction, en voici un des plus beaux exemples avec ce livre consacré aux attentats de 1995 perpétrés dans le métro de Tokyo par la secte Aum à l’aide de gaz sarin. Murakami revient dans la partie médiane du livre sur ses motivations. Après une longue période passée à l’étranger (aux États-Unis), il a souhaité tenter de mieux comprendre son pays (le Japon) et ses habitants au travers de ce drame. Pour ce faire, il a récolté et retranscrit des témoignages. Il consacre la première partie du livre aux victimes avant de donner la parole, dans une seconde partie, aux membres de la secte. Ces deux parties étant séparées par un intermède dans lequel l’auteur fait part de ses motivations et expose sa méthodologie. ...

Chroniques de l'oiseau à ressort

J’avais un tel bon souvenir de ce livre, lu il y a un quinzaine d’années, que j’ai décidé de le relire. Ce n’est pas une décision sans conséquence tout d’abord car le livre compte tout de même 850 pages et ensuite car relire – comme revoir – une oeuvre est prendre le risque de gâcher le souvenir enchanté de la première impression – il peut s’évanouir définitivement. Heureusement, j’ai évité cet écueil et cette relecture n’a fait que conforter ma première impression. Je trouve même qu’il s’agit très certainement de l’un des livres d’Haruki Murakami les plus aboutis – si ce n’est peut-être plus abouti, je n’ai pas encore tout lu, mais presque. Il contient l’essence de son oeuvre. J’ai même été surpris de constater qu’il a beaucoup de points communs avec son dernier livre, Le meurtre du commandeur: le puits / le sous-terrain, le passage entre les réalités, la présence de la guerre sino-japonaise, la disparition d’une soeur. ...

Le Meurtre du Commandeur T2

J’avais cru, après la lecture du premier tome, que l’histoire allait prendre de l’ampleur dans le second tome, que les éléments patiemment mis en place allaient enfin s’assembler pour créer une histoire belle, profonde et très originale. Mais j’ai l’impression que tout cela n’est jamais arrivé. Il est vrai que la lecture est plaisante, mais tant de pages pour si peu de densité, c’est un peu exagéré. Même si la phrase de Murakami est toujours aussi agréable, ce n’est pas suffisant sur la durée – vu la longueur totale des deux tomes. Je sais que tout n’est pas au premier degré et que certaines choses ne sont qu’évoquées, mais tout de même. Je pense avoir déjà constaté ce défaut dans les livres les plus récents de Murakami comme 1Q84, mais ici c’est le summum. A contrario on ne peut pas reprocher à l’auteur japonais de faire dans le main stream, dans le roman calibré où chaque chapitre se termine par un cliffhanger – on en est loin. ...

Le Meurtre du Commandeur T1

La sortie d’un nouveau Murakami est devenue au fil du temps un événement mondial. L’auteur japonais a acquis une notoriété qui lui aurait certainement valu une reconnaissance par le comité Nobel littérature si celui-ci n’était pas tombé en disgrâce. A une bien moindre échelle, j’ai moi même été victime de cet engouement qui m’a conduit à me procurer à prix d’or (près de 50 €) les deux tomes, dès leur sortie en librairie – alors que je préfère habituellement attendre l’arrivée des livres sur le marché de l’occasion. Alors que faut-il en penser ? Est-ce le chef-d’oeuvre qui couronne son oeuvre ? ...

Écoute le chant du vent suivi de Flipper, 1973

Écoute le chant du vent et Flipper, 1973 sont les deux premiers romans d’Haruki Murakami. Il les a écrits sur la table de sa cuisine. Ils forment avec La Course au mouton sauvage La trilogie du Rat – le Rat est une personne d’où la majuscule. Le Rat tourna la tête vers le plafond et puis, lentement, il ferma les yeux. Ensuite, il éteignit toutes les lumières qui peuplaient son cerveau, et son esprit s’engouffra dans de nouvelles ténèbres. ...

Les amants du Spoutnik

Les livres de Murakami sont pour moi comme un lieu où l’on aime se retrouver, où l’on se sent à l’aise. Je l’ai déjà dit – certainement à plusieurs reprises –, mais je le répète encore, j’adore ses descriptions du quotidien, l’ambiance de ses livres. Ses personnages aiment les plaisirs simples comme savourer une bière bien fraîche en écoutant un bon disque, certains arrêtent de fumer et j’aime à croire que ces comportements ont eu une influence sur moi – pas besoin de vous faire un dessin. Le souvenir de mes premières lectures de Murakami est encore très présent alors qu’elles datent d’une grosse dizaine d’années – depuis j’ai arrêté de fumer, mais je me suis aussi mis à boire de la bière et à écouter du jazz. ...

Kafka sur le rivage

Confortablement installé sur le canapé, j’observe les alentours et me rends compte que ce salon est exactement l’endroit que je cherchais depuis longtemps. Un endroit secret, tapi dans un creux du monde, exactement comme celui-là. Mais jusqu’ici ce lieu n’existait que dans le secret de mon imagination. Je n’arrive pas encore à croire tout à fait qu’il existe réellement. Je ferme les yeux, inspire profondément, et il s’installe doucement en moi, comme un doux nuage. C’est une sensation agréable. Je caresse lentement de la paume le revêtement crème du canapé, je me lève, me dirige vers le piano, soulève le couvercle, pose mes dix doigts sur les touches un peu jaunies. Puis je le referme, fais le tour de la pièce en foulant le tapis ancien aux motifs de grappes de raisin. J’allume le lampadaire, l’éteins. J’examine les peintures qui ornent les murs. Puis je me rassieds dans le canapé, et me plonge dans ma lecture. ...

1Q84 T2

L’histoire démarrée dans le premier tome se poursuit – là, je viens d’écrire quelque chose de révolutionnaire. En même temps, il ne se passe pas des tonnes d’événements dans ce second volet et il ne matérialise aucun virage important dans la fiction mais plus une stagnation. Je pourrais – rassurez-vous je ne vais pas le faire – le résumer aisément en un paragraphe. Passé l’attrait de la découverte du premier tome, qui procédait à la mise en place de l’univers et des personnages, l’intérêt décline. La mise au second plan de l’action et de la ramification de l’histoire fait la part belle à des épisodes quasi contemplatifs. Ces moments de quiétude sont parfois appréciables notamment lorsque Tengo prépare ses repas. Murakami alterne alors entre une description très précise des préparatifs et des mets et la retranscription des pensées du jeune homme, concret contre abstrait. Pour cela, Murakami peut compter sur sa prose toujours aussi belle : ...

1Q84 T1

Vous l’avez certainement déjà lu quelque part mais je dois bien m’y résoudre, le pitch est un passage obligé – vous excuserez donc ma concision qui aura l’avantage de ne pas trop en révéler sur l’histoire. Ce livre met en scène deux personnages. Un homme, Tengo, qui est un professeur de mathématiques qui écrit des romans. Une femme, Aomamé, qui est un professeur d’arts martiaux qui tue des gens – pas comme Bruce Lee, elle possède une technique bien particulière. Je vous épargne l’histoire de la prononciation du Q remplaçant le 9 dans le titre pour vous dire que le roman se déroule en 1984 et que le livre de Georges Orwel est connu et évoqué par les personnages. Cet homme et cette femme vont, dans des sphères a priori séparées, être confrontés à une mystérieuse organisation. ...

La Course au mouton sauvage

Haruki Murakami est un grand auteur japonais. Ses romans se caractérisent pas l’insinuation du fantastique, bien souvent poétique, dans le quotidien des personnages. Il surgit incidemment, sans que l’on sans rende vraiment compte, un peu comme quelque chose qui nous paraît bizarre mais que l’on ne remarque pas tout de suite. Puis, petit à petit, il prend de l’importance et devient prépondérant dans l’histoire. N’allez pas croire pour autant que c’est là, et uniquement là, que réside l’intérêt de ses romans. Le quotidien, qui chez d’autres peut être insignifiant et ennuyeux, est souvent particulièrement intéressant et agréable à lire – je suis convaincu qu’il y a beaucoup à apprendre de cet auteur sur ce point. C’est certainement lié aux détails, aux ambiances, reconnaissables entre milles, qu’il parvient à dépeindre. On se sent tout de suite parfaitement à l’aise et on prend beaucoup de plaisir à boire une bière ou à préparer un repas en compagnie de l’un des personnages. A rêver avec eux et à basculer peu à peu dans l’autre monde. C’est exactement le cas de ce livre. L’auteur nous propose de vivre une aventure au côté d’un publicitaire qui va être confronté à une drôle d’histoire, une véritable quête à la recherche d’un mouton ! ...