C’est une de mes BD préférées. Je ne sais pas pourquoi, mais dès ma première lecture, et dès les premières pages, j’ai été envouté – c’est le mot juste – par cette histoire. Les dessins y sont évidemment pour beaucoup, j’y reviendrai, mais c’est plus que ça, c’est un tout. Commençons par le contexte, il s’agit pour faire simple d’un conte oriental dont les protagonistes sont les chercheurs de trésors. Ils sont sept – toujours ce chiffre qui revient – le Derviche, le Médecin, l’Hérétique, le Chevalier, le Bourreau, le Voleur et le Forgeron. La belle princesse Diya, le Prophète voilé et le calife Haroun-al-Rashid1 complètent le tableau. Ce dernier ne tient pas un rôle majeur dans l’histoire, mais permet de l’encrer dans une époque.

L’histoire est quant à elle assez mystérieuse, à la frontière de l’onirisme, de la mythologie et de la religion – c’est un peu la même chose non, je ne sais pas dans quelle catégorie positionner Azraël2 qui apparait lui aussi dans l’histoire ? Le Prophète voilé vole les ombres des habitants de Bagdad.

Celui qui n’a plus d’ombre perd son âme, il n’y a plus rien de spirituel chez lui. Il est comme une bête à visage d’homme.

Je n’ai aucune connaissance dans ce domaine et j’ai un tout petit peu cherché – quand je dis ça c’est vraiment que je n’ai pas trop cherché –, mais je n’ai rien trouvé sur la signification de l’ombre.

On suit cette histoire en restant toujours à la lisière de la compréhension on se laisse porter, charmer et on prend le temps de s’émouvoir pour les dessins. Quel style, quelle inventivité, quel mélange de classicisme et de trouvailles, rehaussé par des ambiances et de couleurs changeantes, c’est du grand art. C’est un peu comme pour une oeuvre d’art – d’ailleurs c’en est une dans un certain sens – parfois on ne sait pas expliquer pourquoi elle exerce un tel pouvoir sur nous et c’est un peu la même chose ici. Pour conclure, cette oeuvre n’est pas toute jeune, mon édition du second tome, La Ville froide, date de 2004 et se terminait en introduisant une suite que l’on a désormais, plus de 15 ans après, peu de chance de voir paraître. A défaut vous pouvez lire Le Jardin armé et autres histoires3 qui est tout à fait dans cet esprit et dans lequel on retrouve même certains personnages. Si c’est David B. qui vous tente, n’hésitez pas à vous plonger dans l’une de ses oeuvres majeures L’Ascension du Haut Mal. Enfin cette relecture – ce doit être la troisième ou la quatrième – m’a évoqué un livre lu il y a longtemps, Mon nom est Rouge d’Orhan Pamuk.


David B., Les chercheurs de trésor, (Dargaud, 2003).


  1. Haroun al-Rashid est un personnage réel qui apparaît également dans les mille et une nuits (Wikipédia). ↩︎

  2. Azraël est l’ange de la mort dans certaines traditions hébraïques1, musulmanes et sikhes (Wikipédia). ↩︎

  3. B, David, Le Jardin armé et autres histoires (Paris: Futuropolis, 2006) ↩︎